Mathieu Chavaren[FRA]

  • Art & Peinture

Rien n'est permanent, sauf le changement

Interview

Le 18.10.2017 par Romane Ricard

Quand Héraclite nous disait « Rien n’est permanent, sauf le changement », il devait certainement avoir à l’esprit un personnage aussi fantasque que Mathieu Chavaren. Cap sur Biarritz : vous l’avez découvert cet été avec le collectif de teufs Stand’Art. Aujourd’hui, on tire le voile sur l’artiste-entrepreneur.

Hissez Haut Santiano

Mathieu Chavaren manoeuvre fermement son cinq-mâts : d’une main, il tient Le Classique – bar ouvert avec ses copains du collectif Stand’art – et le Royalty, bistrot biarrot flambant neuf qui regorge de surprises culturelles. De l’autre main, Mathieu participe à la gestion du Fond des Arts, un fond d’investissement qui recueille les deniers gagnés des ventes de ses tableaux, redistribués ensuite à diverses associations; Et c’est sans oublier le collectif Stand’art et ses nombreuses soirées. Entre ces différentes activités, avec les doigts restés libres, le maitre peint. Rien que ça.

Gonflé à bloc comme ses voiles, le cerveau de Mathieu fourmille d’idées. L’artiste hyperactif pense et entreprend. Son mot préféré : faire. Son dernier projet en date : laisser la culture s’engouffrer au Royalty. Tous les week-ends, sur les bancs du bistrot de nouveau tout pimpant, l’Art s’installe donc, sous sa forme musicale, picturale ou littéraire. D’ailleurs, pas plus tard que ce samedi, Camille Genton viendra au Royalty pour la signature de son premier livre « Positif ».

Quant aux soirées du collectif, la dernière en date remonte au week-end dernier. Aux platines de la surf house Quiksilver, les gars de Stand’art inauguraient tout simplement le championnat mondial de surf, Quiksilver Pro France 2017 avec deux invités surprise On avait gardé le secret jusque-là : les DJs Synapson ont répondu présents. S’il-vous-plaît.

Action Man

Comment, avec autant de projets sur les bras, réussit-il à trouver le temps pour peindre ? C’est ce que nous lui avons demandé. Résultat, nous avons eu le droit à une description à l’heure près d’une journée type dans la peau de Mathieu : « C’est simple, je me lève à 11h. À midi, je vais au Royalty pour le service du déjeuner. Quand la tempête s’est calmée vers 14h, je rentre chez moi où je peins jusqu’à 17h-18h. Ensuite, je vais au Classique pour vérifier la bonne ouverture du bar. Je pars à 20h au Royalty – à quelques centaines de mètres de là – et j’y reste jusqu’à 22h. Je retourne au Classique jusqu’à la fermeture, vers 2h du mat’. On prend les mêmes horaires et puis on recommence. »

Une vie rythmée par les battements mélodieux de la pendule du Temps « qui dit oui qui dit non », sans compter les évènements ponctuels du collectif Stand’Art et les soirées Culture au Royalty. L’entrepreneur nous assure que tous ces projets, qui paraissent éloignés dans leurs domaines, oeuvrent tous à une seule chose : rassembler autour d’un même thème, d’une même passion.

Revenons à nos pinceaux

La dernière fois qu’on avait croisé Mathieu, il s’attelait aussi à une grosse commande pour une prochaine exposition en Australie. Une quinzaine de Pensées – nom générique donné à ses peintures  et soufflé par Blaise Pascal – étaient en cours de réalisation. Magma de blanc et noir à la technique très élaborée, ses tableaux sont proposés comme une alternative à un monde saturé par l’image et l’artifice.

Aussi habile avec les mots qu’avec ses pinceaux, le jeune peintre compare son travail au mouvement du ciel : « Les Pensées sont comme les nuages du ciel. Face à eux, l’esprit vagabonde, se confronte à de grandes questions métaphysiques. L’arc-en-ciel, ornement de la voûte céleste, lui nous divertit – au sens étymologique du terme, nous détourne de nos pensées. » Les peintures deviennent autant de fenêtres ouvertes vers l’absolu, qui nous renvoient à notre condition humaine et nous pousse à réfléchir. À quoi ? Ça, Mathieu nous laisse le soin d’y répondre. Car l’expérience de chacun est unique face à ses oeuvres.

Ses inspirations ? Au lycée, l’art brut et l’expressionnisme allemand le fascinaient. Il puise autant son inspiration dans l’art que dans la littérature. Henri Michaux par exemple, est l’un de ses pairs qui faisait les deux, écrire et peindre. Ses dessins, particulièrement, semblent avoir eu une influence importante dans l’accomplissement des Pensées. Mais Mathieu n’a pas seulement fait du bouillon intellectuel, calme et posé. Ses angoisses, il les exprime aussi sur la toile, dans un geste plus agité. Et cela se traduit par des corps nus, géométriques et déformés à la manière de Picasso.

Think BIG

Après l’Australie en mars, les destinations se bousculent : la Croatie et la Chine auront peut être l’honneur d’accueillir les oeuvres du résident biarrot. À l’instar de son leitmotiv Think Big, Go Fast, Start Small, Mathieu a le projet de mettre à profit le Fond des Arts en ouvrant un Centre d’Art Contemporain en plein coeur de la capitale basque. Et pour pallier au désert culturel actuel de la région, quoi de mieux qu’un lieu qui accueillerait à la fois des gros poissons du milieu comme des plus petits moins connus. « Un mix entre la maison rouge et le Musée Soulages Rodez, mais à Biarritz », projette-t-il.  Projet qui reste tout à fait dans la lignée de l’art social dont il nous parlait cet été : l’art de fédérer et d’être ensemble.

Photographies © Juliette Colin & Aurore Lucas

Pensées – Détails © Mathieu Chavaren

Pensées – Détails © Mathieu Chavaren

Nus © Mathieu Chavaren

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous