Laura Junger[DEU/FRA]

  • Illustration

Chronique

Le 09.03.2020 par Juliette Mantelet

Laura Junger fait partie des rares illustratrices du moment à dessiner à la main. À l’aquarelle, souvent, l’une des premières techniques à laquelle on s’essaye enfant, avec plus ou moins de succès. Laura en avait une boîte qu’elle partageait à l’époque avec son frère. Elle raconte, tout sourire ce temps-là : « J’ai retrouvé de vieilles vidéos où je me fais engueuler parce que je mélange toutes les couleurs directement dans les godets sans nettoyer mon pinceau ». L’aquarelle permet en général de jouer avec la transparence, les ombres et les nuances, comme chez Filippa Edghill ou Angela McKay, Laura l’utilise de manière opaque, comme de la gouache. Et obtient ainsi des teintes brutes, vives et pétantes, à l’image de son flamboyant bouquet de fleurs et de couleurs. Elle aime son côté fluide et affectionne tout particulèrement « barbouiller » ses pinceaux dans la couleur. Même si elle envie quand même un peu les illustrateurs numériques : « Ils n’ont pas le papier qui gondole ni les tâches de peinture sur les vêtements ».

ENFANCE PARISIENNE

Laura utilise toujours la même technique depuis ses premiers dessins. Et ses traits ont gardé une certaine simplicité enfantine réconfortante. Elle dessine les femmes de manière épurée. Un nez en droites perpendiculaires, des traits noirs pour les sourcils, deux points à la place des yeux. Un peu à la manière de la londonienne Charlotte Ager et de son style rapide, élémentaire. C’est d’ailleurs une photo de Laura petite avec ses crayons à la main qui nous accueille sur son site. Ses souvenirs d’enfance à Paris sont joyeux et déjà très artistiques. Laura dessinait « des personnages à tête plate ». Son frère, lui, plutôt des univers très construits et précis. Sa grand-mère, qui s’est beaucoup occupé d’eux, dessinait aussi tout le temps, croquant par exemple les présentateurs des émissions télé. Et le faisait encore à 95 ans. Laura, faisait le clown. Le nom de son site, « l’orage arrive », vient lui aussi de sa jeunesse. Un pseudo poétique qui lui a été attribué par un amoureux de vacances. Elle avait 10 ans. « Il était beau ».

Plus tard, pendant son master de graphisme, Laura dessine un livret sur « un couple qui danse le tango dans une baignoire ». Et ressent un tel plaisir en s’exécutant, qu’elle décide de ne plus faire que ça. Petite, elle s’imaginait plutôt danseuse étoile, détective ou ornithologue. Pas franchement la même chose. L’idée du mystère autour du quotidien de détective l’enchantait. Mais aujourd’hui, elle l’affirme, elle n’a aucun regret. Elle fait partie de ses chanceux qui ont trouvé leur voie.

VIE D’ARTISTE à BERLIN

Parisienne d’origine, Laura vit maintenant à Berlin après avoir fait ses études à Bruxelles. Berlin, elle en est tombée amoureuse lors d’un voyage dans les pays de l’est en 2007. Elle y a fait ensuite une année d’Erasmus et puis, finalement, elle y est restée. « Il y a une qualité de vie que j’apprécie beaucoup ». Chaque matin, Laura traverse le canal à pied et retrouve son studio, partagé avec d’autres créatifs, en une dizaine de minutes à peine. Dans une ancienne fabrique réhabilitée, typique de Berlin. « Il y a des immenses fenêtres et une très belle lumière », commente-t-elle. Si elle revient régulièrement à Paris, où elle travaille aussi pas mal, la plupart de ses clients sont en Allemagne. Elle a déjà été publié dans l’hebdomadaire allemand Die Zeit et même dans le New York Times et rêve aujourd’hui qu’on lui commande une fresque murale. Pour peindre en grand.

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