Hugo Devoucoux[FRA]

  • Illustration

Chronique

Le 20.05.2019 par JULIETTE MANTELET

Hugo Devoucoux était présent le week-end dernier au désormais célèbre Marché de l’Illustration Impertinente du Hasard Ludique. Aux côtés d’Anna Uru ou Camille Deschiens, il a présenté ses dessins sensuels et sexuels où le rose domine. Dans son monde peuplé de références, le sexe rejoint l’architecture et l’Antiquité Grecque. C’est un monde onirique interrogeant nos rêves et nos désirs. Hugo a aussi réalisé cette année l’identité visuelle du festival de nos copains d’Animal Records, La Douve Blanche. Un rêve d’illustrateur qui se réalise pour le jeune artiste français : « Quand je voyais de belles affiches dans le rue ou dans le métro, mettant en avant de superbes illustrations, j’étais toujours très admiratif ».

DOUCEUR BRUTE

Il existe deux styles distincts dans le travail d’Hugo. Des illustrations plus oniriques, de personnages aux corps nus évoquant la mythologie, les statues et les dieux grecs, évoluant dans des paysages rêvés, où l’architecture et la nature se mêlent. Des mondes qui rappellent l’illustrateur Alessandro Cripsta, que nous vous présentions dans notre dernier book, « Blue Hawaii ». D’autres, plus directes, plus fun et basées sur l’humour, où des fesses font office de terrain de golf et où le corps féminin se dévoile sans pudeur. Mais qu’il penche vers l’un ou l’autre style, le rose est toujours là, fil conducteur omniprésent. Le rose suggérant les corps nus, la peau, la tendresse. Hugo apprécie cette couleur depuis toujours, bien au-delà du féminin, elle lui évoque la plénitude et la douceur. Lui qui aime toujours être dans le contraste souhaite apporter à cette teinte quelque chose de plus brute. Il l’associe par exemple à des bleus très tranchés et à un grain très visible. Hugo privilégie en effet des textures granuleuses, à la matière bien marquée et des ombres subtiles. Il décrit son style ainsi : « Ma patte artistique est plutôt délicate et brute à la fois. Un mélange de couleurs douces et d’un grain brutal ».

LE CORPS COMME TERRAIN DE JEU

Comme il mêle douceur et brutalité dans le style, Hugo mélange l’humour et le sexe dans ses sujets. Comme Anna Uru, il passe par l’humour et le comique de situation pour représenter le corps et les fantasmes et surtout, donner toute sa place au corps féminin. L’humour est la meilleure façon de dédramatiser un sujet un peu tabou, et il permet d’éviter au spectateur de ne pas s’arrêter à la première impression et de ne pas se braquer trop vite. Quand on regarde cette illustration d’Hugo, représentant une voiture dans ce qui semble être à première vue un paysage vallonné, on ne saisit pas forcément tout de suite que ces collines sont en fait des seins. Et le temps de le comprendre, on est déjà captivés par son illustration, emmenés ailleurs, dans un monde plus sensuel. Il a fait mouche. Le corps humain, et surtout féminin, devient dans ses images un véritable paysage. Les courbes féminines imitent l’ondulation de l’eau.… Le sein féminin devient une montagne à gravir et les fesses se transforment en piste de ski. Le corps est pour Hugo « un terrain de jeu », offrant amusement, plaisir, rêverie et fantasmes. « Il faut s’y perdre pour découvrir tous ses secrets » ajoute-t-il, espiègle. Dans ses illustrations plus abstraites, des êtres dignes des dieux de l’Olympe se battent et se mêlent avec passion, dans une « représentation onirique du désir ». Par son art, Hugo veut « révéler les fantasmes de notre inconscient  et faire naître le désir ». Et l’effet érotique semble immédiat. En effet, quand sur Instagram Hugo demande à ses fans leurs ressentis face à son travail, tous répondent que ses dessins font définitivement monter la température et leur donnent des idées coquines.

LA RENAISSANCE SELON HUGO

Mais la richesse du travail d’Hugo repose aussi dans la diversité des images évoquées et les nombreuses références qui l’habitent. Il ne parle pas que de sexe et de fantasme, il fait aussi interagir dans ses illustrations de nombreux univers, comme celui de l’architecture ou de la mythologie. Beaucoup d’éléments architecturaux sont présents en toile de fond de ses œuvres. Comme ce viaduc, ces escaliers ou ces colonnes. Des éléments bruts, géométriques, stricts, en opposition avec la mollesse des corps. Hugo est aussi photographe et avec sa caméra il aime « photographier les outrages du temps et le passif des bâtiments ». Cet intérêt se retrouve dans ses illustrations et les enrichit, leur donne un cadre précis où structure des corps et des bâtiments se lient, dialoguent, s’opposent. De même, Hugo est très inspiré par le mouvement artistique Vaporwave, un mouvement nostalgique, né dans les années 2010 sur Internet et réutilisant les sculptures grecques. Leur beauté et leur prestance impressionnent Hugo qui souhaite à son tour « réinterpréter ces chefs d’œuvres ». C’est par le biais de l’Antiquité Grecque qu’Hugo a commencé à se passionner pour les corps et les courbes, et à trouver son style. Une forme de Renaissance du XXIème siècle bien à lui. Le corps nu encore trop souvent caché et tabou aujourd’hui, en 2019, où la moindre photo d’allaitement se retrouve censurer, alors qu’il triomphait dans les sculptures dès l’Antiquité Grecque. Paradoxe de nos sociétés dites évoluées… Ne régressons pas !                                                    

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous