Holly Warburton^[GBR]

Les illustrations de Holly Warburton sont flamboyantes, c’est le moins que l’on puisse dire. On voit rarement des teintes pareilles dans les dessins du moment, minimalistes et souvent pastel. Cette jeune dessinatrice anglaise fraîchement diplômée ose le bleu très sombre, le violet froid et le noir. Beaucoup de noir. Ces couleurs évoquent bien sûr les toiles mystérieuses et nocturnes du maître, Edward Hopper. Et plus récemment, les illustrations de Maïté Grandjouan. Des atmosphères plus sombres, plus solitaires. Holly, elle, se dit inspirée par les couleurs de Bonnard et la manière dont le peintre français s’appuyait sur sa mémoire pour peindre. Elle confirme qu’elle cherche à créer « des atmosphères fortes ». Privilégier une palette de couleurs sombre est pour elle le moyen d’y parvenir. Pour rendre ces atmosphères encore plus prenantes, elle leur donne vie en GIFS.

OBSERVATIONS D’UNE PROMENEUSE SOLITAIRE

Holly parle de son travail comme « du dessin d’observation ». Elle sort et dessine la ville dès qu’elle a du temps libre. Elle a commencé petite par imaginer des bandes-dessinées peuplées de personnages imaginaires et croque aujourd’hui plutôt « des histoires de la vie quotidienne ». « Des moments de réconforts pris sur le vif et des êtres réunis comme des personnages seuls dans de vastes paysages solitaires ». Un peu à la Hopper, encore une fois. Avec toujours ce sentiment de mystère et d’étrangeté qui englobe la scène, par ses couleurs, fruits de la manière dont Holly observe le monde. « Quand je regarde une scène je sélectionne toujours les bleus, les rouges et les verts ». Les teintes plus froides qui ne sautent pas toujours aux yeux au premier regard. Elle travaille de mémoire, ce qui, dit-elle, permet aux couleurs de gagner en saturation en voyageant dans sa tête. Dans la vie aussi, Holly est attirée par ses environnements nocturnes, peu éclairés. C’est une mélancolique, digne des Romantiques et de leurs errances solitaires. Qui immortalise ses promenades dans le célèbre countryside British ou les paysages qui défilent dans ses voyages en train. D’ailleurs, certains de ses personnages en y regardant de plus près ont bien des allures de dandy à la Dorian Gray avec leurs barbes bien taillées.