Pierre Denoyel & Nathan Curren[FRA]
Pierre Denoyel et Nathan Curren ont réalisé « Biarritz Surf Gang », un documentaire de 10 épisodes sur la grande époque du surf à Biarritz : les années 1980 avec le crew de Michel, La Mouche, Éric, Kikette, Sammy, Nabo ; les mecs de la Grande Plage. « S'il y avait un groupe de surfeurs, c'était eux. » Entre vagues, teufs, drogues, vie et mort, Biarritz Surf Gang rappelle les frasques d’une folle équipe, dingue de mer, de planches et de sensations.
Interview
On connait The Endless Summer. On a peut-être vu Point Break Messieurs ou Blue Crush Mesdames ? Plus récemment, on vous parlait sur TAFMAG du court métrage d’Antoine Besse, Courbes. Lors de notre voyage à Biarritz, on s’est installés au bord de la Plage de la Côté des Basques pour discuter avec Pierre Denoyel & Nathan Curren de leur premier documentaire « Biarritz Surf Gang ».
Comment avez-vous eu l’idée de travailler, ensemble, sur ce projet ?
Nathan : On fait des clips de surf depuis qu’on a 14 ans, avec des petits caméscopes. Puis on a eu l’idée de raconter les histoires de nos parents, de nos oncles pendant les années 1980, eux qui ont connu les années folles du surf à Biarritz. On a toujours été fascinés par toutes les histoires qu’on a pu entendre sur les plages.
Pierre : Tu vois la Grande Plage derrière ? À l’époque il y avait un grand parking, les surfeurs du monde entier venaient pour surfer et zoner. C’était La Mecque du surf ici. En 1992, il y a eu des travaux et le parking a disparu. D’entendre ces histoires d’antan, et d’imaginer tous ces mecs à cet endroit qui est maintenant très aseptisé, ça nous intriguait.
Michel dans le film ? C’est mon oncle. Tom Curren, trois fois champions du monde dans les années 1980, c’est le père de Nathan. On a toujours baigné dans ces histoires.
Comment avez-vous compilé toutes ces images ?
Nathan : On a trouvé des photos incroyables de l’époque. On a commencé à faire un petit clip et à en parler aux anciens pour qu’ils nous donnent des archives. On est tombés sur 3h de vidéos hyper bien filmées, c’était passionnant. On s’est dit qu’il y avait moyen de faire plus qu’un clip. On s’est dit, qu’il y avait moyen de faire un film. On a fait une trentaine d’interviews pendant un an demi.
Vous avez fait le choix étonnant de mélanger images d’archives, interviews des protagonistes du surf et illustrations ultra-eighties. Un peu Nuit de Folie de Début de soirée d’ailleurs. Comment vous est venue cette idée ?
Nathan : Quand tu vois ces gars de 50 balais te raconter ces histoires, tu vois le cartoon dans ta tête, tu vois la scène. On s’est dit qu’il fallait imager ces histoires.
Pierre : On voulait des illustrations cartoon eighties à la Fritz le Chat. On est aussi très influencés par l’illustrateur local qui s’appelle, Laurent Fagola. On a voulu trouver des illustrateurs capables de comprendre le surf ; c’est là qu’on a rencontré Josselin Facon et Félix Kerjean de Miyu Production.
Comment on fait un film sur le surf, sans faire film de surf ?
Pierre : Avec ce docu , on avait envie de dépasser le simple film de surf. On voulait raconter une histoire de potes, comprendre leur destin, ce qui les a touché, ce qui les a séparé, ce qui les a rassemblé au final.
Il y a eu les Tontons Surfeurs, au début, début du surf, dans les années 1960. C’est une histoire qui a été ultra médiatisée depuis, tout le monde connaît ce mot des « Tontons Surfeurs ». Notre film, c’est sur le surf d’après. C’est des planches plus courtes, un surf plus radical qui se rapproche du skate, puis un style de vie plus punk. On avait plus envie de raconter cette histoire-là.
Après avoir écouté l’épopée de cette folle équipe, quelles distinctions faites-vous entre le surf d’antan et celui d’aujourd’hui à Biarritz ?
Nathan : À l’époque, y’a le SIDA, l’héroïne, y’a pas Internet, c’est l’explosion d’un nouveau sport. L’argent commence à entrer en jeu, les marques débarquent à la fin des années 1980. C’était une époque spéciale, insouciante. Les mecs du gang étaient toute la journée sur la plage ; le soir ils faisaient la fête et le lendemain, rebelote. Ils pensaient à rien sauf au surf.
Pierre : Les années 1980, c’est hyper ouvert comme futur. T’avais pas de problème d’emploi, de logement, d’écologie, de pollution, de réchauffement climatique… Ça n’existait pas tout ça.
Qu’est-ce que vous retenez des personnes que vous avez interviewées, de cette bande de la Grande Plage ?
Pierre : L’authenticité. Le franc parlé avant tout ; ça triche pas. On garde en tête ces expériences de vie hyper fortes. Puis la passion du surf. Et l’amitié.
Nathan : Les valeurs. Malgré leur quotidien punk et trash, ce sont des gens qui ont des super valeurs.
Pierre : Il y a un très beau mélange. Il y en a deux du film qui sont plus partis dans le côté junkie, il y en a qui ont fait carrière dans l’industrie du surf, il y a des mecs qui sont partis vivre à l’étranger. Et tous encore, malgré leurs différences et leurs parcours, arrivent à se retrouver et à être encore potes.
Il y a un grand engouement autour du surf aujourd’hui. Ça va durer selon vous ?
Nathan : Si notre film a bien marché, c’est que l’ambiance surf plaît encore ; un sport comme le skate est beaucoup plus développé puisque tu peux en faire partout contrairement au surf où il te faut de la mer et de la houle. Le skate a toujours cet « esprit skate » et le perdra jamais. Pour le surf, il y a des modes ; il va y avoir un effet boomerang. Ça va revenir à un côté plus hippie un jour.
Après le surf, le sujet de votre prochain documentaire ?
Pierre : On a qu’une envie, c’est d’en faire un autre. Est-ce que ça sera un docu, de la fiction, de l’animation ? On ne sait pas. Tant que le sujet et fort et nous passionne, on se lancera à nouveau dans 4 années de réalisation s’il le faut !
Regardez les autres épisodes de Biarritz Surf Gang sur Studio +