Margaux Hug[FRA]
- Photographie & Cinéma
Margaux Hug est une jeune photographe parisienne spécialisée dans les clichés de nature morte. Des natures mortes où elle donne vie aux objets ordinaires et aux aliments dans des compositions aux couleurs léchées et à l’esthétique parfaite. Des photographies bien loin d’être banales.
Interview
Quand Magritte rencontre Warhol
Née en 1989, Margaux a étudié la photographie aux Gobelins et le graphisme dans l’école Olivier de Serres. Elle mélange ainsi dans sa pratique la photographie et la direction artistique pour créer des images hors du temps. Son inspiration, elle la puise principalement dans le mouvement Pop Art des années 50 aux États-Unis. Elle reprend cette envie de travailler autour des objets populaires, comme a pu le faire Andy Warhol avec les célèbres soupes Campbell, pour en faire des œuvres d’art.
Dans ses photographies, les objets sont rois. Elle leur donne vie et les magnifie. Ne travaillant qu’en studio et au numérique, Margaux veut surtout s’amuser quand elle photographie. Ce qu’elle adore, c’est imaginer les décors de ses photos. Rien n’est laissé au hasard, chaque image est le reflet d’une intention. En cela, elle nous rappelle Billie Thomassin et ses clichés 80’s hyper construits.
Elle conçoit des mondes imaginaires où les objets du quotidien se parent de couleurs improbables et surréalistes. Ses clichés mettent en scène des objets immortalisés sur des fonds lisses ultra colorés. Ils ne sont plus simplement là pour accompagner un modèle mais deviennent de véritables stars. Et même lorsqu’elle fait des portraits, ce sont les paillètes ou les touches de couleurs qui importent, plus que l’humain. De même, la nourriture devient un objet esthétique et plastique plutôt que comestible. Margaux fait disparaître les notions de temps et d’espace, seule saute aux yeux la couleur. Vive et acidulée comme dans un film de Jacques Demy ou un clip de Charlotte Abramow. Le rose, le jaune et le bleu clair dominent, un peu comme chez Tafmag.
Margaux double ses photos très pop d’une tonalité surréaliste. Elle superpose des éléments qui n’ont apparemment rien à faire ensemble comme une statue antique et un vieux téléphone. On pourrait presque imaginer ce titre : « Ceci n’est pas un petit beurre ». Elle se dit d’ailleurs aussi bien inspirée par Jeff Koons que Man Ray. Son monde absurde se teinte de la gaieté du pop art.
La photographe aime l’art pour son côté récréatif et offre une belle pause dans notre quotidien grisâtre où tout le monde s’habille en noir. Elle revendique la joie et ce qui est sûr, c’est qu’elle nous en met plein les yeux et captive le regard avec ses couleurs franches et lumineuses, comme on n’en voit plus !