Nguan[SGP]
- Photographie & Cinéma
C'est un véritable coup de cœur que nous avons eu pour l’univers de Nguan. Il faut dire qu'il est difficile de rester indifférent à son monde acidulé aux couleurs pastel (chères à Tafmag). On peut d’ailleurs facilement passer des heures à admirer son compte Instagram.
Interview
COMME SUR UN NUAGE
Plongez dans le monde onirique et alangui dans le monde du photographe Nguan. Une vision de la cité-État entre moments arrêtés, instants de vie et ancien monde.
Le photographe, « born and raised » à Singapour, connaît donc très bien la ville et souhaite à travers ses photos en révéler une facette différente. Il se fait documentariste de la banalité. Ce qu’il nous présente n’est ni le Singapour des touristes, ni le Singapour capitaliste et ultra-moderne, bien au contraire.
Depuis déjà presque une décennie, l’artiste capture avec son regard de local les singapouriens dans leurs moments de vie ordinaires, paisibles et simples. Il se fait aussi le témoin de leur solitude et nous ouvre les portes de la ville par ses habitants. Deux petites filles sur un banc, une femme jouant au badminton, deux écolières sortant de l’école… Les gens sont saisis dans leur quotidien, dans lequel l’ennui prend toute sa place. On est loin du rythme infernal et intense qu’une mégalopole comme Singapour laisserait présager.
Il immortalise aussi l’indélébile, l’immuable. Tout ce qui perdure du passé et des traditions ancestrales malgré les innombrables changements que connaît la Cité du Lion. Une cité où l’on empiète par exemple sur les terrains des anciens cimetières pour construire des autoroutes à la place des tombes. Passé et présent cohabitent donc comme ils peuvent dans cette ville en perpétuelle évolution, un peu comme dans les photos de Marilyn Mugot dont nous vous parlions récemment.
Nguan nous plonge dans l’ambiance d’un dimanche après-midi traînant en longueur, où l’on est désœuvré et contemplatif. Regarder ses photos produit immédiatement une impression d’apaisement. Ses clichés sont aussi très cinématographiques, on croirait plonger dans l’un des films de Wes Anderson, entre couleurs pastels et compositions très graphiques. Une même bouffée de mélancolie et de sérénité se dégagent du travail de Nguan. Le photographe prend encore ses images sur pellicules, ce qui leur donnent cette lumière si particulière. Mais c’est comme si il avait en plus un filtre magique bien à lui, qui adoucirait la réalité.