Peter Kaaden : corps et culs nus, au naturel

En marge de notre dossier Culture Cul, ou comment parler sexualité en 2020, on interroge une sélection d’artistes afin qu’ils s’expriment sur leur vision de la sexualité dans l’art. Après avoir échangé avec Charlotte Abramow, qui vient de signer les photographies de son Petit manuel de l’éducation sexuelle, pop et rentre-dedans, puis avec Clothilde Matta, la photographe du désir, on part aujourd’hui en Allemagne, à la rencontre d’un artiste tout en sensualité, que l’on avait interviewée en début d’année. L’éclairage de Peter Kaaden sur le corps et l’art nous avait immédiatement séduites.

Article du 14 janvier 2020 par Juliette Mantelet

Choquer ou ne pas choquer. Le photographe Peter Kaaden s’en fiche. Il fait ce qui lui plaît. Et livre en images une autre vision du nu et du cul. Libre, banal, honnête. « Pourquoi pas, vivre tout nu » chantait Miel de Montagne. On est sûrs que Peter approuverait.

VIVRE TOUT NU, #AUNATUREL

Dans l’univers de Peter on retrouve une touche très mode, même sans vêtement. Le côté léché et esthétique de ses clichés. La présence de modèles qui posent le regard braqué sur la caméra. Ça lui vient probablement de sa mère, styliste de mode. Peter raconte avoir littéralement passé son enfance dans les studios photo.

Nous sommes tous de la même espèce, faits de chair, de poils, de peau et d’un cul

Son intérêt et sa fascination, affirme-t-il, ne se trouvent pas dans la nudité mais dans l’honnêteté. Le photographe défend que les images de gens nus sont bien plus réalistes que celles où les modèles sont habillés de fringues de haute couture, qu’ils ne porteront jamais dans la vraie vie. Alors qu’être nu, « tout le monde le fait tous les jours ». Aux yeux du photographes, son travail n’est jamais sexy, vulgaire ou pornographique, il est juste naturel.

CORPS à CORPS

Dans sa série Naaked, une anagramme de Kaaden, sorte de clin d’œil à son chanteur fétiche Jim Morrison, accro à ces petits jeux de mots, Peter explore « ce que l’on ne voit pas généralement ». Il va plus loin que jamais et dépasse même le concept du gros plan. Plus de censure aucune ou de bienséance. Peter est si collé au corps que l’on ne sait plus ce que l’on regarde. C’est le corps ultra frontal, un peu à la manière de Courbet avec L’Origine du monde. Ainsi, Peter met en lumière des parties du corps souvent peu célébrées ou considérées. Les bourrelets, les pores, les poils… Sa caméra est chirurgicale. Nos yeux sont incapables de se concentrer et de mettre au point. Homme ou femme, ça n’a plus d’importance, c’est le corps humain pris de manière crue, explicite, dégoulinante, sans tabou de genre ou de race. Nous sommes tous de la même espèce, faits de chair, de poils, de peau et d’un cul, semble vouloir dire le photographe.