Paradise Row[GBR]

  • Mode

Chronique

Le 09.01.2020 par Juliette Mantelet

Créer une marque de mode, c’est aussi encourager, relancer et faire vivre une industrie. Et ça, Nika Diamond-Krendel, fondatrice de Paradise Row, l’a bien compris. Paradise Row est un label fortement implanté dans un environnement bien précis et ultra local : l’Est londonien, un vrai vivier d’artistes et de créateurs. Plus East London, tu meurs. La marque tire d’ailleurs son nom d’une petite allée du quartier de Bethnal Green. Récit d’une initiative sociale, solidaire et artistique.

BIEN Au-delà DES SACS

Paradise Row, c’est bien plus qu’un simple label de maroquinerie. Et c’est ce qui nous plaît. C’est avant tout une initiative sociale qui fait vivre tout un quartier de Londres et met en valeur des artistes et des artisans. Un peu à la manière de Tafmag, de l’autre côté de la Manche.

Il y a de ça plusieurs années, l’Est de Londres abritait une florissante industrie manufacturière et textile. Mais de nos jours, si il y a toujours beaucoup d’artistes et de créateurs dans ce quartier, il reste cependant très peu d’ateliers, de cuir notamment. La plupart des marques britanniques externalisent en effet leur fabrication et les ateliers ont ainsi presque tous disparu, entraînant avec eux la disparition d’un savoir-faire précieux. C’est à cela que Nika a voulu remédier en fondant Paradise Row, marque 100 % made in East London. Recréer des emplois locaux. Continuer à faire vivre ces compétences artisanales transmises de génération en génération. Nika travaille avec un petit atelier local qui exerce dans la plus pure tradition britannique et qui produit chaque sac à la main.

Pour les créations Paradise Row, Nika s’inspire aussi du quartier et de ses artistes. Ses sacs, elle les imagine pour toute la vie. Ce sont des sacs œuvres d’art, que l’on remarque. Chaque nouvelle collection est imaginée pour se fondre et se mêler aux précédentes, pas les remplacer. Et chaque sac est porteur d’un message. Par exemple, les modèles de la collection « Empathy » représentent tous un visage, et l’une des émotions que l’on doit ressentir pour être quelqu’un d’empathique. La joie, l’étonnement, l’amour… Et aussi le chagrin. Petit coup de cœur pour ce dernier, bleu nuit, bleu spleen et son visage digne d’un Matisse. La dernière collection, « Hourglass », en cuir au tannage végétal, a elle été réalisée avec une des artistes les plus en vogue du milieu indé à Londres, Venetia Berry. C’est une collection engagée, qui questionne la représentation de la forme féminine à travers l’histoire de l’art. Comme nous, Paradise Row défend les artistes féministes et engagées, les femmes entrepreneuses. Sur leur site, Hannah Crosbie, rédactrice, développe la page Paradise Row Curates, où des interviews de personnalités de l’Est de Londres viennent compléter le travail de la marque. Nika organise aussi chaque mois des événements pour donner la parole à ces artistes et à ces femmes à travers des talks et des panels. Quand la mode rejoint l’art et le féminisme, c’est le tiercé gagnant.

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