La Dynamiterie[FRA]
- Musique
Interview
Chaque jour, a l’occasion de son sujet de janvier dédié à la fête, Tafmag laisse la parole à un acteur de la teuf : DJ, programmateur, propriétaires de lieux de nuits, artistes…
La Dynamiterie, valorisation explosive de la culture émergente
Aujourd’hui, Tafmag laisse la parole à Théo Athlani, programmateur de La Dynamiterie. « La Dyna », c’est une association à but non lucratif créée en 2014 qui a commencé par un projet de festival. À l’origine, ce festival devait se dérouler dans une ancienne usine de dynamite avant d’être abandonné. Démarre alors une aventure collective aux objectives évidents : valoriser le paysage culturel local en investissant des espaces publics et des friches culturelles avec une volonté forte de créer du lien social entre les artistes et les publics.
Depuis 2017, La Dynamiterie a développé une partie label, dont la direction artistique est assurée par Guillaume Auguet (Ohes). C’est parti.
Théo, Raconte-nous ta fête la plus folle, la plus marquante ?
Le plus beau souvenir restera sans doute notre festival en 2018. On a vécu des rebondissements pendant toute la prépa, jusqu’à la dernière semaine où les prévisions météo se dégradaient au fil des heures. On a hésité à annuler jusqu’à la dernière minute, compte tenu des risques encourus (notamment financiers) et des trombes d’eau qui menaçaient de s’abattre. Pourtant, le samedi matin, après plusieurs jours de montage, l’événement a démarré sous le soleil. On avait réussi notre pari fou : mettre en lumière une scène locale émergente, des assos du 93 et des collectifs parisiens venus sublimer les 3 scènes du festival. Durant tout le week-end, lives, DJ sets, performances, ateliers, se sont déployés dans le Parc Jean Moulin les Guilands (Montreuil), réunissant un public de tous les horizons.
Quelle est ta philosophie de la fête ?
Selon moi, la fête a deux grandes vertu : c’est à la fois un véritable lieu de culture, une vraie scène où tous les arts peuvent s’exprimer, et parfois prendre des formes inattendues. C’est aussi le reflet d’une société qui a besoin de lâcher prise, de rompre les barrières sociales, de partager, de rire, de se rencontrer.
C’est un espace de liberté inédit, une source d’inspiration dans mon quotidien. J’y ai construit une partie de moi, j’ai pu y découvrir un métier qui me passionne et que j’ai hâte de retrouver. Faire la fête, c’est aussi un facteur de santé publique, indispensable dans toute société.
2020, une année particulière, comment l’as-tu vécue sans tous ces rassemblements qui ponctuent notre quotidien ?
Honnêtement très mal. Travaillant dans le spectacle vivant et l’événementiel, j’ai vu tous mes projets tomber à l’eau. Cela a été une désillusion terrible, tant cette année 2020 s’annonçait belle, comme pour des tas d’artistes, intermittents et autres professionnels du secteur de la culture.
Durant l’été avec la Dynamiterie, on a réussi à organiser plusieurs événements. Tout le monde était masqué certes mais l’énergie était la même, autant au sein de l’équipe que du côté des artistes et du public. Nous avons eu la chance d’être accueillis par des lieux tels que Le Cabaret Sauvage, le Jardin Suspendu ou encore le Bar Gallia.
Penses-tu qu’on a appris de cette année sans festivités, peut-être pour se réinventer ? Qu’il y avait quelque part du bon à tirer ?
Je ne suis pas très adepte de cette idée « que les artistes et la culture doivent se ré-inventer », notre métier nous amène sans cesse à cela. Au risque de paraître négatif, non sur le plan culturel, il n’y a rien de bon à tirer de cette crise sanitaire.
Au sein de la Dynamiterie, une forte part de notre programmation se tourne vers l’émergence, autant de projets qui ne rencontrent pas leur public, dont le développement se retrouve menacé. De notre côté tout est à l’arrêt, notre modèle économique étant si fragile, les perspectives à moyen terme sont très limitées.
2021, une nouvelle année. Comment appréhendes-tu ces nouveaux horizons ? Y aura t il de nouveaux modèles de fêtes selon toi ?
Cette année a malheureusement très mal démarré. Samedi nous faisions partie du rassemblement « Culture 4 Liberty » à l’initiative du Socle, de l’Union des Collectifs LGBTQ+ et du Collectif des Soundsystems d’Ile de France. Une convergence inédite s’est créée pour défendre le droit à la culture, protester contre l’inculpation des organisateurs de la Maskarade, et rejoindre la Marche des Libertés contre la loi sécurité globale. Pour la première fois, des dizaines d’acteurs de la culture non-institutionnels, essentiels pour la diversité culturelle, se sont rassemblés. Cette manifestation pourtant déclarée, a été violemment réprimée, qualifiée de « rave-party illégale » sous prétexte que nos chars étaient sonorisés.
Forcément, j’appréhende 2021 avec un espoir limité mais toujours dans une volonté de mettre en avant des artistes et de continuer à exister auprès de notre public.
On a une actualité forte avec le label. Début février, on prévoit une sortie digitale, début d’une série où chacune mettra en avant un artiste émergent, remixé par un résident du label. Notre troisième disque est prévu pour juin, sous un format « various » avec des titres d’Ohes, Malouane, Orsery, Axel Rigaud et Tom Leclerc.
Côté fête, on pense revenir à des formats plus intimistes, en plein air, à l’image de nos premières années. Bien entendu, on a déjà plein d’idées, et on est impatients de pouvoir annoncer de nouvelles choses.
Décris-nous ton idéal de fête après le confinement ; À quoi ressemblera-t-elle ?
Je vais faire court : le retour d’une fête libre, décomplexée, où les gens peuvent s’agglutiner devant les scènes, transpirer, se toucher, s’évader….
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