LE SACRÉ[FRA]
- Musique
Interview
En attendant l’ouverture des bars et des clubs, Martin Munier, le co-fondateur du Sacré, nous parle clubbing, Renate, radio, teuf, basse et DJs.
Cela fait maintenant plusieurs mois que le club Sacré est fermé. Plusieurs mois que ce spot mythique de la nuit parisienne n’a pas pu ouvrir ses portes aux noctambules de la capitale. 142 rue Montmartre. Cette adresse vous rappelle certainement à vos bons souvenirs. Haut lieu de la fête, autrefois le QG du Social Club ou du Salò, l’intemporel 142 rue Montmartre a longtemps exalté vos nuits. Jusqu’en mars dernier, le Sacré accueillait encore foule dans le club inauguré en février 2019 et dans son “discobar” où une boule à facette rappelait le thème de la soirée : liberté.
Martin Munier, la fête Sacré
Aujourd’hui, Martin Munier, cofondateur du club Sacré, n’attend plus qu’une chose : réveiller le clubbing à nouveau. Réveiller la nuit. En attendant l’éclosion des beaux jours et de la fête, le dancefloor s’est transformé en bar et pourra bientôt vous accueillir autour d’un verre, d’une bouteille. Ou deux, ou trois. Vous pouvez aussi retrouver Martin et l’équipe du Sacré tous les jours sur Radio Sacré pour découvrir des sets d’artistes (dont celui des Tafmag DjJ babes), des matinales et des talks. La nuit n’a pas dit son dernier mot. Car le jour aussi, la nuit vit.
Raconte-nous ta fête la plus folle ?
La dernière grande fête. Il y en a eu beaucoup avant le Covid, mais celle-ci était vraiment exceptionnelle car on est parti faire une teuf Sacré à Berlin avec une énorme équipe. On était une quarantaine. C’était trop cool parce que c’est la première fois que l’on organisait une fête Sacré en dehors de nos murs, qui plus est au Renate, un club berlinois mythique. On a passé tout un week-end là-bas et c’était assez particulier car c’était le dernier week-end de février et à Berlin, ils commençaient déjà à parler du Covid et de la fermeture des clubs. On avait l’impression de vivre la dernière fête. La dernière fois. Ça lui a donné une saveur très particulière. Puis bon, les teufs berlinoises…
Ta philosophie de la fête ?
Il y a deux fêtes pour moi, celle que je vis en tant que professionnel et celle que j’aime en tant que teufeur. La première, c’est littéralement ce qui nous fait vivre. C’est un vrai métier de passion qui demande de bosser en décalé et de faire pas mal de concessions. Mais c’est un tel kiff ! Tu rencontres beaucoup de monde, tu donnes du plaisir aux clients, tu vis chaque soirée avec eux. En tant que teufeur, c’est encore autre chose. C’est un instant de liberté privilégié. Un moment d’insouciance indispensable. Tu ne penses à rien, juste à kiffer et à te marrer. C’est un SAS de décompression nécessaire.
Décris-nous ton idéal de fête après le confinement ?
J’ai du mal à imaginer la fête d’après. Je ne suis pas certain qu’elle va beaucoup changer. On ne peut pas révolutionner la fête, on ne peut pas révolutionner les salles, ni le clubbing. Ça reste du son fort, des DJs cools et de la bonne musique. La fête ressemblera à celle d’avant mais je pense que les gens auront besoin d’un petit temps d’adaptation pour retrouver une insouciance complète au moment de sortir. Certains auront un peu de mal à revenir tout de suite mais beaucoup auront besoin d’oublier, de s’amuser et de se dépenser. Je pense que la fête aura aussi un côté plus politique, plus revendicatif. Presque contestataire. Je sors en club pour soutenir le secteur et l’industrie. Mais finalement, en sortant, les gens auront aussi envie de reprendre le cours normal de la vie.
À quoi ressemblera-t-elle la première fête ?
La première fête, il va se passer un truc de malade ! Intense ! Au début, j’avais un peu cette crainte que les gens flippent de ressortir. Et plus le temps passe, plus on discute avec les gens, plus on se rend compte qu’ils n’en peuvent plus et qu’ils ont hâte de pouvoir revenir dans un club pour écouter du son fort, ressentir les basses dans leur corps. C’est fou la sensation que ça procure. Ça nous manque !