Grand Soleil[FRA]

  • Musique

Interview

Le 19.09.2017 par Diane Micouleau

Pas de doute, Adrien et Benjamin sont deux frangins qui font exclusivement ce qui leur plaît. Refusant d’adhérer aux carcans de l’industrie musicale, le duo qu’ils forment pour Grand Soleil est le manifeste d’une expression libre et imparfaite. Alors que leur EP « See You Space Cowboy » sort tout juste aujourd’hui, Grand Soleil préfère parler des autres ; notamment des sources d’inspiration qu’ils explorent à bord de leur vaisseau spatial sans jamais se lasser.

© Alice Moitié

 

Tic et Tac, Drich et Pach

Pas la peine de se prendre la tête avec Grand Soleil : un banc à Oberkampf, quelques bouteilles de bières, des enceintes et le tour est joué. Adrien, dit « Drich », et Benjamin, dit « Pach » ont cette tranquillité et cette complicité fraternelle qui donnent l’impression que tout est facile. C’est d’ailleurs parce qu’ils sont complémentaires qu’ils arrivent à avancer. Pach, boulimique culturel hyperactif est tempéré par Drich, obsessionnel et perfectionniste. Les compositions musicales se font rarement à deux : « On aime se surprendre mutuellement, on laisse l’autre exprimer ce qui le fascine. Par contre, quand on trouve que c’est de la merde, on se le dit direct. »

Si Pach vient plus du trip hop et Drich de la techno, c’est dans la diversité musicale qu’ils se retrouvent. En arrière-plan de notre conversation, on entend aussi bien du rockabilly que du trap en passant par Siriusmo, Lorn ou Macintosh Plus. Un agrégat d’influences qui se retrouve dans leur 1er EP, « This is a Good Day » : « Notre titre le plus personnel, c’est Indian Poem. Il commence en trip hop, finit en hard tech. Quant à Misfits, il nous ressemble moins mais on retrouve notre mélancolie à la The Cure ou Joy Division » expliquent-ils.

 

De la Pop-Culture jusqu’au bout des cheveux

Outre leur penchant pour le rétro et l’aérien, les deux frères s’amusent à distiller des samples de dialogues de films, jeux vidéos et engins électroniques. « Grand Soleil c’est un peu un quizz pour ceux qui nous écoutent. Si tu fais bien attention, tu retrouvera des références à Terminator, Sonic ou le bruit d’une Game Boy qui s’allume ». Le geek, l’animation japonaise dark, la science fiction ou le film d’auteur… Tout y passe. Pour ces autodidactes, « YouTube est la meilleure école. C’est en restant des heures à fouiller sur YouTube qu’on découvre des sons ou qu’on apprend à faire des trucs. »

 

Une aventure supersonique

Devant un tel bordel culturel, on s’étonne presque de trouver une cohérence à leur nouvel EP, See You Space Cowboy. En cinq titres, Grand Soleil a cette capacité à nous faire vivre un récit initiatique vibrant d’émotions ; l’histoire d’une aventure à travers les galaxies aux airs d’Interstella 5555. Cette narration, eux-mêmes s’en étonnent. « En fait, pour cet EP on a pris des morceaux qui existaient déjà, et on leur a trouvé un ordre. Et il s’avère que ça fait une histoire, avec un fil rouge. Je pense que c’est ça ce qu’on appelle avoir une patte » s’étonne Adrien. L’identité Grand Soleil existe donc malgré elle, sans doute grâce à cette unique loi qu’ils s’imposent : faire voyager les gens.

L’anticonformisme incarné

Car Grand Soleil ne fait pas dans les règles et le politiquement correct. Ils reprochent aux acteurs de l’industrie musicale d’opprimer la création sous prétexte de servir de cadre. Sans pour autant être révolutionnaires, les deux frères refusent de céder aux sons lisses et émotions surfaites qu’on retrouve dans la musique française. Se sentant peu proches des groupes qui marchent en ce moment, ils revendiquent une musique crade, qui serait le vecteur d’une rage profonde. « Tu vois l’image du mec qui marche dans la rue, la bière à la main avec les écouteurs enfoncés dans les oreilles ? Bah ça c’est nous. On n’est pas forcément joyeux, on exprime une haine à travers la douceur ».

 

 

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Alors que leur deuxième EP sort tout juste, Grand Soleil pense déjà à l’avenir. Sortir un troisième EP avec ce qui leur reste de morceaux ? Pourquoi pas, mais Drich et Pach se sentent prêts à sortir un album. « Ce serait un truc tout nouveau, qu’on créerait de A à Z, sans que personne ne choisisse pour nous » expliquent-ils, habités par un désir d’indépendance. Une émotion forte et vibrante, à l’image de celle que transporte leur musique.

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