Alice et Moi[FRA]

  • Musique

Interview

Le 27.10.2017 par Romane Ricard

Alice et moi, l’amour des phrases injonctives

 

À l’occasion de notre nouveau podcast La Confinerie, on rappelle des artistes Tafmag que l’on a interviewés il y a bien longtemps. Alice et Moi fait partie de ceux-là. On avait découvert l’artiste juste avant que l’on boucle Bubble Gum, notre second livre de tendances artistiques, sorti en 2016, rubrique musique. Elle n’avait alors qu’un seul titre, « Cent Fois », un groupe et s’apprêtait tout juste à signer sur un label. Aujourd’hui, Alice nous raconte sa vie en confinement, parle du temps qui passe et exhorte, entre autres, qu’on n’est pas obligé de suivre absolument toutes les stories de nos copains, ni d’adorer faire la cuisine, qu’on ne doit pas faire du yoga obligatoirement tous les jours. On peut juste aussi se laisser aller, c’est cool.


Article du 27 octobre 2017 par Romane Ricard

« Filme moI » : Alice et moi chante  l’image

À l’occasion de la sortie de son dernier EP Filme moi, Alice Vanor nous a octroyé un instant de son précieux temps au téléphone. Celle que l’on présentait dans notre livre Bubble Gum (2016) épate. On reconnait la douce voix langoureuse de la chanteuse qui accepte de répondre à nos questions quelque peu tricky. Alice et Moi ou Alice V, c’est l’amour des phrases injonctives et du « je(u) », cachée derrière l’oeil omniscient de la Providence, assise sur un trône entourée de gloires musicales. Tant de signes ne peuvent tromper celui qui sait…

 

Alice, dis-le nous sans ambage, serais-tu Dieu réincarnée en femme ?

(Rires) Alice V, c’est mon nom de scène quand je me cherchais encore. Alice Vanor, c’est moi. Au fil du temps, je suis devenue la chanteuse Alice et Moi. Ce nom symbolise la dualité entre qui je suis vraiment et le personnage que j’incarne sur scène, quand je chante. Sorti de la bouche d’un spectateur, il permet de créer un lien entre eux et moi, ou la potentielle moi.

 

Qui se cache réellement derrière ces « Jeux Savants » ?

Alice et Moi, c’est Alice Vanor, toute seule. Mais j’ai toujours travaillé en collaboration avec des gens comme Ivan Sjoberg que je connais depuis mes 20 ans. Dès la fin de mon master à Sciences Po journalisme, je me suis consacrée corps et âme à la musique. J’ai rencontré Jean-Baptiste Beurier, compositeur et producteur de musique électro et ça a matché. On a travaillé ensemble sur mon dernier EP. Je continue toujours à collaborer avec Ivan sur la musique. Il n’y a que les paroles que j’écris seule. Mes chansons font partie de moi, je les extirpe de mon vrai moi.

Pour mon futur EP, après celui que je sors vendredi bien sûr, j’ai plein d’idées. Pourquoi pas aller vers quelque chose de plus rap, avec un beatmaker et des grosses instrus. Quitte à faire de la pop française, autant la marquer d’un son bien marqué pour aller jusqu’au bout.

 

Donc maintenant tu fais du Alice et Moi à plein temps ?

En sortant du bac, j’ai fait une prépa Khâgne-Hypokhâgne, puis j’ai enchainé sur Science Po en journalisme. Mais je baigne dans la musique depuis que je suis petite. J’attendais de me sentir légitime pour me lancer vraiment. Et j’ai tellement aimé mes premières expériences de la scène que ça m’a confirmé dans mon choix de m’y consacrer à fond.

 

On a pu admirer la pochette de ton dernier album, sur laquelle tu te caches encore derrière cet oeil qui te symbolise. Qu’est ce qu’il signifie ?

C’est l’illustratrice Broken isn’t Bad qui a réalisé la pochette de mon EP, j’aime beaucoup son travail. L’oeil est un symbole que je dessine sur ma main depuis que je suis petite. Je m’amusais à dessiner un oeil à l’intérieur de ma paume et, face au miroir, je cachais mon oeil avec cette main. Avec du recul, je vois ce geste comme déjà l’expression de mon double, de cette part de « folie » en moi. Comme une porte qui s’ouvre vers l’irrationnel, vers un autre monde. C’est d’ailleurs grâce à Agathe, une amie de Sciences Po avec qui j’ai tourné dans Jeux Savants, que je l’ai utilisé pour représenter Alice et Moi. Et ce geste devient un geste de partage en concert, que parfois les gens font avec moi, en totale osmose tous ensemble.

Sur la pochette, je suis assise sur un trône, installée sur une autre planète. J’assume être quelqu’un d’autre quand je monte sur scène. Je m’y sens très forte. Je pourrais comparer cet egotrip au passage dans Black Swan (Darren Aronofsky, 2011) où le cygne noir se révèle à Nina, elle le sent venir en elle et se sent toute puissante. On a tous des moments où on se sent invincible, moi c’est sur scène. Pourtant dans la vie, je suis assez timide, pas très assurée.

 

Tu as récemment sorti le clip « Filme-moi » de ton EP du même nom, à quand le prochain ?

Courant novembre, le clip de ma chanson « C’est toi qu’elle préfère  » réalisée par Julie Oona. Ce sont deux jumelles qui se battent à mort dans une piscine. Ça parle de jalousie amoureuse initialement mais je trouvais aussi intéressant de le transposer à la jalousie entre soeurs. Derrière se cache une quête plus profonde d’identité, un peu comme mon personnage d’Alice et moi. Le clip « Filme-moi » a été réalisé, lui, par Anna Cazenave Cambet. Pour le troisième, j’aimerais le faire moi-même. J’ai déjà réalisé « Jeux Savants ». Je veux que tous mes titres aient un clip car quand je chante, j’ai toujours des images qui me viennent à l’esprit.

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