Monica Figueras[ESP]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 24.09.2024 par Louise Conesa

Sur la terrasse ensoleillée de Monica Figueras

Chez Coup d’été, ce sont les talents solaires dont la couleur nous éblouit les pupilles et dont les projets nous réchauffent les coeurs, qui nous tapent à l’œil. La photographe Monica Figueras incarne à la perfection cet esprit. Alors qu’a déjà bien pointé de son nez la rentrée, on se délecte de ses clichés qui dégagent des souvenirs recents d’un été parfait : des corps réveillés par une lumière étincelante, des reflets d’une mer azur et paisible. Ni une ni deux, nous avons traversé les Pyrénées pour aller à la rencontre de la photographe miracle. Escale à la Costa Brava, dans la ville balnéaire de Palamós.

Les premiers pas

Nous rencontrons Monica à la porte de son immeuble, sur la promenade maritime de la ville. Lunettes de soleil sur le nez et appareil argentique à l’épaule, la jeune Catalane s’est empressée d’acheter un bouquet de tulipes pour notre entretien. Son accueil est chaleureux. À l’espagnol, certains diront. Monica nous emmène chez elle, au dernier étage d’un immeuble typique des années 70, presque aux antipodes de son appartement où règne une atmosphère de maisons de vacances : couleurs chaudes, chapeaux de pailles aux murs et sobriété du mobilier.

Installée sur sa terrasse, face au bleu profond de la Méditerranée, la photographe nous apprend qu’il s’agit de l’appartement dans lequel elle a vécu avec sa famille. « J’ai grandi ici, dans la Costa Brava, dans une famille de pêcheurs. J’aime en parler car cela reflète mon travail », nous confie-t-elle. Ce lien avec la nature – et avec la mer particulièrement -, est ancré en elle depuis son enfance. Tout comme la photographie. Elle nous raconte avec amusement ses premiers souvenirs de photos : « J’avais six ans, j’étais en voyage scolaire et je me rappelle photographier des arbres, des pieds de personnes. C’était ce qui m’intéressait ». Son regard est alors déjà attiré par des détails, captivé par les choses simples de la vie, mais dont elle perçoit une beauté évidente.

Photographie & alchimie

Malgré tout, elle ne se dédie pas tout de suite à la photographie, se formant à Barcelone en design graphique. Mais la passion revient toujours au galop. « La photographie m’a permis de m’exprimer d’une manière naturelle et sincère », explique Monica. De ses études en graphisme, elle va néanmoins conserver une manière de composer, des jeux de couleurs qu’elle entremêle avec un regard personnel et artistique.

Et l’alchimie opère. La mer surgit dans toute sa splendeur, d’un bleu intense, parfois contrasté par un littoral naturel ou habité. Les corps y apparaissent fréquemment, nus, fragmentés ou subtilement suggérés.

Cette alchimie provient également de l’utilisation de l’appareil argentique. « Pendant mes études en design graphique j’ai pu travailler la photographie argentique et la comprendre. J’ai appris à regarder autrement et à capturer ce qui faisait ce boom boom dans mon cœur », se souvient Monica. Choisir ce qui doit être capturé sans connaître le résultat, c’est sûrement cela qui caractérise ses photographies. Ne pas savoir ce qui apparaitra, avoir une surprise, parfois mauvaise et parfois bonne, comme peut nous offrir la vie. Et c’est précisément cela que recherche la photographe : laisser la vie former la photographie.

La vie comme source d’inspiration

Alors qu’elle nous montre certains de ses clichés, entre corps à la nudité suggérée et plages idylliques, elle nous raconte un heureux hasard photographique : « Il m’est déjà arrivé d’avoir de l’eau dans mon appareil photo, et des gouttes sont alors apparues sur l’impression. La photo n’était pas du tout celle imaginée; elle était encore mieux ».

La vie est sa source d’inspiration. Le quotidien et ses petits événements parfois heureux, parfois décevant, mais simplement naturels. D’ailleurs, Monica ne sort jamais sans son appareil argentique car chaque instant peut être le sujet d’une photographie. « Si je suis dans un environnement qui m’inspire, avec un entourage dans lequel je me sens bien, immédiatement les photos apparaissent, sans être planifiées », se confie-t-elle.

Connaître pour capturer l’essence

Se sentir à l’aise, proche du sujet photographié. C’est pour cela que Monica a naturellement pris pour sujet la nature avant de capturer la silhouette humaine. « J’ai toujours eu du mal à photographier des personnes que je ne connais pas lors de commandes. Car comment pourrais-je raconter quoi que ce soit sur une personne si je ne sais même pas quelle est sa couleur préférée, ce qu’elle mange le matin, comment elle sourit ? » Pour la créative, la photographie n’est plus simplement l’arrêt d’un moment, mais un vrai instant de partage, de conversation entre chaque participant, entre le photographe et la personne photographiée. On pourrait penser que la photographie est un médium solitaire, avec cet appareil où seul un regard peut découvrir dans l’objectif, l’instant qui sera capturé. Pour Monica, c’est tout un moment qui se crée entre tous. Et le résultat n’en est que plus naturel et touchant.

Le soleil est au zénith, nous n’avons pas vu le temps passé pendant cette bulle méditerranéenne. Avant de partir, nous posons une dernière question à la photographe catalane : que dirais-tu à un photographe en herbe qui souhaite se lancer ? Sans hésitation, Monica nous répond : « de ne pas avoir peur et surtout de ne pas chercher à imiter ce qui se fait aujourd’hui. C’est en cassant les règles et en étant soi-même qu’apparaissent des choses que personne n’a jamais faites auparavant ».

 

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