Massinissa Selmani[DZA]
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Massinissa Selmani est né à Alger en 1980 où il a étudié l’informatique avant d’entrer aux beaux-arts de Tours en 2005. Il vit et travaille actuellement en France. Il a pris part à plusieurs expos collectives aux centres culturels français d’Oran, d’Alger, d’Annaba et de Constantine. Il a participé à la Biennale de Dakar en 2014 et ses œuvres ont été exposées au salon DDessin cette année à Paris. Il est également présent à la toute première Triennale de Vendôme qui se déroule du 23 mai au 31 octobre 2015 en France et qui met à l’honneur 25 artistes de la région Centre-Val de Loire.
Interview
L’artiste algérien a obtenu la mention spéciale à la 56e Biennale de Venise qui se poursuit jusqu’au 22 novembre 2015. Les dessins tragi-comiques de Massinissa Selmani se sont démarqués par leur extrême sobriété.
Les dessins de l’artiste ont une dimension surréaliste et documentaire : des éléments de photographies d’articles de presse sont extraits de leur contexte et assemblés afin de créer un sens nouveau. Inspiré par le photographe Paul Nougé, Massinissa Selmani dresse des compositions étranges. « Lorsque j’ai découvert Paul Nougé, j’ai vu ce que j’ai toujours voulu dessiner ; des mises en scène improbables », confie l’artiste. Et ironiques. Egalement inspiré par la littérature algérienne, Massinissa Selmani mêle délicatement dramatique et comédie.
Ainsi, dans A-t-on besoin des ombres pour se souvenir, deux personnages secourent un homme à terre apparemment inconscient tandis qu’un jeune homme s’essaye au selfie sur le toit d’une voiture.
Exposée à la Biennale de Venise cette année, cette série de onze dessins réalisés entre 2013 et 2015, présente l’expérience humaine dans toute sa réalité et son absurdité.
Un autre projet, 1000 villages (2015), également exposé à Venise, décrit l’utopique entreprise agraire amorcée par le gouvernement socialiste algérien en 1973. Mis en place par Boumediène, les mille villages socialistes devaient améliorer les conditions de vie des paysans. Le thème de la 56e Biennale de Venise : « Tous les futurs du monde. » Un thème politique donc, qui invite les 89 participants à s’interroger sur la manière d’appréhender et de faire écho aux évènements qui secouent le monde aujourd’hui. « Mon travail est également politique », explique l’artiste dont les dessins sont issus du flot d’images provoqué par l’actualité. À la gravité de certains sujets, Massinissa Selmani répond par la discrétion et la finesse. Ses « montages d’images dessinés » donnent lieu à des situations à la fois tragiques et incongrues dans lesquelles se confrontent humour et indignation. Une subtilité rendue possible par le dessin : « C’est un médium peu coûteux qui permet d’exprimer ce que l’on veut. C’est pour cela que je l’ai choisi : pour être libre. »