Marseille[FRA]

  • Dossiers

Chronique

Le 07.09.2021 par Julie Le Minor & ©Aurélien Ciller

« Marseille, le cool au zénith »

Si la définition du cool était une ville aujourd’hui, Marseille pourrait y prétendre, à défaut peut-être d’y aspirer.

Non, pas Biarritz, ni Arles, ni même Paris. En quelques années, la boussole a changé. Le cool a bifurqué. Direction le Sud, une ville au bord de la mer Méditerranée. Direction le soleil et la chaleur de l’été toute l’année.

Marseille est colorée, bruyante, insolente. On y enchaîne les virées à la plage, les apéros dans le Panier, les soirées en boite de nuit, les bagarres dans le quartier.

Marseille est inventive, fulgurante, trépidante. On y croise des jeunes à tous les coins de rue. Des vieux assis au café. Des sourires, des conversations sur le perron. Des yeux baladeurs, des yeux rieurs. Des moments interdits.

On y croise la splendeur et la misère, la grandeur des villes, la proximité des cités.

Marseille est un cliché, un fantasme, une mythologie.

Mais derrière cette image d’épinal d’un hôtel désuet, derrière ce torse trop bronzé, cette cage d’escalier aux murs amochés, Marseille a une âme, une vraie. C’est sans doute ce qui fait son charme.

Marseille a ses princes et ses Shérazade. Ses enfants de la ville.

Marseille, c’est Stress, Nordine, Ichem, Kassim, Djamel et Ange, les héros magnifiques de Cinq dans tes yeux, le premier roman d’Hadrien Bels (Ed. L’Iconoclaste, 2020)

Marseille, c’est aussi « cinq doigts, cinq bagues » comme dans Cagole Forever, le documentaire de Sébastien Haddouk (dans notre livre Banana Split, été 2017)

Marseille, c’est Corniche Kennedy, Endoume et Dimanche aux Goudes. IAM, Keny Arkana et Jul.

Marseille, c’est des friches, des ateliers, des galeries : l’art de la galerie Double V, le regard photographique de Juliette Abitbol ou celui d’agathewhatyouneed. Et Le Mucem bien sûr de Rudy Ricciotti.

Marseille, c’est la street de Maison Mère, le gadjo de Jacquemus, le manifeste d’Anti-Fashion, la mode de Koché.

Marseille, c’est la mer à perte de vue, la vue perdue dans le grand bleu.
Un parasol jaune, une chemise ouverte, une cigarette allumée.

Une ville, villa, village dont chacun des 111 quartiers nous conte une réalité.

Marseille, c’est un règlement de compte sans règle. Une envolée lyrique sans vers. La prose de la ville dans toute sa brutalité.

Pas étonnant aujourd’hui alors qu’on veuille s’y perdre, s’y laisser vivre. Pas étonnant qu’on veuille s’y installer.

Marseille, n’est pas cool pourtant vous diront certains marseillais.

Le cool est une chimère et Marseille est en panne, Marseille est fauchée. Mais en voyant l’exaltation qui y règne, l’espoir qu’elle inspire, l’élan créatif qui se crée, on se demande pourquoi on ne l’a pas vu plus tôt, cette ville. Car l’âme de Marseille n’a pas changé. Ce qui a changé, c’est notre regard, notre vision, les mentalités. Espérons alors que la ville, désormais sacrée, parvienne à garder son authenticité. Espérons qu’elle fusionne avec ses nouvelles galeries, ses néo-bobos, ses nouveaux locaux.

Mais Marseille est généreuse, on ne l’appelle pas « Bonne Mère » sans raison.

Pour ce premier mois de la rentrée, Tafmag a voulu rendre hommage à cette ville où la fureur de vivre n’a d’égal que la joie d’exister.

Les créatifs dont on va vous parler ce mois-ci

01. La galerie Double V, inaugurée en 2016 au coeur du quartier des antiquaires à Marseille pour mettre à l’honneur l’art émergent, « curaté » par le marseillais Nicolas Nicolas Veidig-Favarel
02. La photographe Agathe Hernandez, directrice artistique photographe solaire, journaliste pour le Fooding et ancienne parisienne débarquée à Marseille.
03. L’auteur Hadrien Bels, primo-romancier de Cinq dans tes yeux, chronique d’une jeunesse marseillaise des années 90, inspirés, largement, de faits réels.

Photographies ©Aurélien Ciller

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous