Marion Livran[FRA]

  • Illustration

Interview

Le 09.12.2019 par Juliette Mantelet

Marion Livran est une des nouvelles têtes présentées sur notre boutique en ligne pour la sélection de Noël. Foncez découvrir ses linogravures ultra poétiques. Une superbe déclaration illustrée à offrir à votre moitié.

L’art de Marion est brut, primaire, élémentaire. Avec des monochromes puissants, elle nous invite à reconnecter avec les éléments, à retrouver notre lumière et surtout à exprimer la part de divinité qui se cache en nous. Son bleu Matisse captive. Ses nus évoquent les sculptures de l’Antiquité, La Naissance de Vénus… Avec la linogravure pour technique, elle esquisse entre vide et plein, blanc et couleur, l’eau, le sable, les feuillages. Nos énergies vitales. Entre mythe et réalité, nature et humanité, Marion dessine les corps, la femme et le couple avec sensibilité. Grande romantique en quête d’elle-même elle s’invente, se réinvente et se questionne avec intelligence et maturité dans ses linogravures. Sur Instagram, elle accompagne chacun de ses dessins de ses réflexions personnelles ou de citations croisées dans ses lectures… Pour poursuivre la méditation, nous inviter à la rejoindre. Il souffle sur Tafmag et sur votre Noël un vent de poésie.

« L’amour c’est un bel océan avec des énormes vagues »

Pourquoi la linogravure ?

La linogravure, c’est un peu arrivé par accident. J’ai fait une expo à Pont-Aven qui m’a changé la vie. Je suis tombée dans tout un petit village, mais où j’ai pourtant rencontré des gens qui ont révolutionné ma vision de l’art. Au vernissage, tout le monde était artiste à sa manière. Un peintre m’a fait une remarque en me disant : « C’est sympa ce que tu fais, mais ça manque un peu de brut. Tu devrais essayer un autre médium ». Et il m’a parlé de la linogravure.

Tu nous en expliques le principe rapidement ?

Tu peux la faire sur plusieurs mediums. Moi c’est sur du linoléum, une plaque de résine. C’est un medium que tu creuses avec une sorte de ciseaux à bois. C’est comme graver dans du bois, tu enlèves les couches petit à petit en dessinant. À terme, cela crée une matrice qui te permet avec un rouleau spécial d’appliquer l’encre. L’encre reste sur les parties en relief et ne va pas là où tu as creusé. Ensuite c’est un principe d’estampes, de presses. C’est un dessin qu’il faut toujours penser en négatif. Déjà parce qu’on le retourne et en plus car tout ce que tu creuses, cela sera le blanc du papier, le décor. C’est une vraie mécanique. Cela a un côté un peu magique. Ce n’est pas progressif comme au pinceau. Tu soulèves le papier et c’est fini, le résultat est là.

Le rouge, le bleu Matisse, l’ocre : pourquoi ce trio ?

Ce sont les couleurs qui me parlent car elles représentent les éléments. Le bleu c’est l’eau. Dès que je peux en mettre je le fais. C’est une image qui m’est chère, elle permet de s’évader, de se refléter. La Terracotta c’est le rapport à la terre. En dehors du dessin, j’explore plusieurs pratiques comme le Tao, le Reiki… Des médecines qui t’apprennent à t’ancrer, à te connecter à la terre pour te recharger en énergie. L’ocre c’est pour la lumière.

Les femmes, les corps, les couples sont tes sujets de prédilection. D’où vient cet intérêt ?

C’est à la suite d’un travail personnel. Depuis deux ans et demi je fais un vrai travail sur moi via des psys, des thérapeutes… J’ai découvert à travers ce mode de développement personnel beaucoup de plaisir à me remettre à l’illustration et j’ai commencé une réflexion sur mon positionnement face à la vie, face au couple. Et autour des combats que je mène au quotidien en tant que femme. Et beaucoup m’ont inspiré. C’était à l’époque de « me too ». Et je me disais que nous les femmes, et tous les hommes en général, on a une sorte de divinité en nous qu’on a du mal à capter, à retrouver. Dans mon travail personnel je suis ainsi à la recherche d’une lumière, d’une sorte d’énergie de vie, une pulsion vitale. J’essaie toujours de partir d’un constat qui est le mien et de le mettre sur le papier. « Le Miroir » c’est l’idée que l’autre est aussi un reflet de nous-même, qui nous permet de travailler sur nous. Avec mes illustrations, je montre ce qu’il y a à l’intérieur, qui ne se voit pas forcément, mais qui s’exprime par des postures. Je réfléchis à la manière dont ton corps va révéler ce que tu n’arrives pas à dire. Ce sont des petites pensées, des petites épiphanies que je mets sur le papier.

Ce qui explique les textes très poétiques que tu publies sur Instagram ?

C’est pour illustrer et alimenter  la réflexion derrière chaque dessin. On pourrait se dire « c’est juste une femme nue », ce qui est vrai. Mais j’essaie d’y mettre un peu plus de sens et de montrer ce questionnement aussi à travers les mots. Tantôt les mots remplacent le visuel, tantôt c’est l’inverse. L’idée c’est d’avoir une sorte de buffet et de pouvoir se servir aussi bien dans l’image que dans les mots. Un vrai dialogue. Ces légendes sont aussi le reflet des lectures que je lis et qui m’inspirent dans mon travail personnel.

Quelle est ta vision du couple ?

Je vois vraiment le couple comme un terrain de jeux et d’exploration. Je me suis beaucoup découverte dans ma relation. Le regard de l’autre m’éclaire sur des parties de moi que je ne soupçonnais pas. Rien n’est figé, tout est en mouvement. Il n’y a rien d’acquis dans une relation, quelle qu’elle soit. C’est à la fois grisant et super flippant. C’est une aventure, pas un long fleuve tranquille. Au contraire. C’est plutôt un bel océan avec des énormes vagues. Quand tu en as surfé une, tu es hyper heureux. Mais il y en a une autre qui arrive. Et c’est la vie.

Fouiller la nuit

Le miroir

Blue Eye

Inside

 

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Le Baiser

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