Lena Gaik[POL]
- Illustration
Chronique
Graphiste et illustratrice polonaise, Lena Gaik dessine en version vectorielle et numérique. Sa série bleue est bien sûr un hommage à l’univers si cher aux artistes – on peut difficilement exclure Picasso – mais aussi au blues, ce mélange de tristesse et de nostalgie intimement lié à la condition humaine. Le blues comme il se décline dans toutes les langues. La célèbre saudade portugaise, qui se chante aussi. De Césaria Evoria à La femme à la peau bleu de Vendredi sur mer, le blues comme il appartient à Lena, voyage.
COUP DE BLUES
Chez Lena, le minimaliste est roi ; efficace, apaisant et lumineux. L’illustratrice recherche « un sentiment de parfaite harmonie » dans la simplicité. Un équilibre nécessaire entre le trop et le pas assez. Lena fait évoluer ses femmes sur un fond bleu uni et se contente le plus souvent d’un trio gagnant : un bleu pastel tout doux, du blanc et un marron pour la peau. On ressent dans son travail un certain penchant pour le surnaturel et la mythologie, avec des chiens fantômes, l’omniprésence de plantes quais-magiques et parfois, des femmes à la peau bleue comme un Avatar du genre humain. Parfois aussi, Lena en a marre de la vraie vie ; elle exprime alors ce qui lui trotte dans la tête et dans l’âme. Une certaine liberté qu’elle puise dans un monde surnaturel. Certains de ses traits rappellent ainsi l’univers du réalisateur japonais Miyasaki et la poésie d’un film tel que « Princesse Mononoké » pourtant daté de la fin des années 1990. Une gestuelle japonisante dans laquelle on retrouve surtout l’omniprésence de la nature pour se protéger.
Si Lena privilégie les fonds unis et ultra simples, c’est pour mettre l’accent sur le personnage principal. Self-confidence, Lost, Peace, Despair… Les titres de ses oeuvres rappellent l’adolescence pesante, pendant laquelle on lutte pour faire face à des émotions violentes, parfois sombres. Avec une grande subtilité et un jeu de formes et de fonds, de plein et de vide, Lena suggère tant de passages de sa vie. Du coming out incarné par cette femme sortant sa tête de grandes feuilles tropicales à la perte de l’être aimé dans son illustration intitulée « Lost« , particulièrement touchante…
Pour Lena, ces émotions adolescentes sont universelles et doivent se partager pour mieux être comprises. Pas de doute, on a tous à vivre avec nos émois et nos doutes. Mais voici venue l’heure des baisers bleus, comme un câlin géant qui suggère un besoin de réconfort évident.