La Fine Équipe[FRA]

  • Musique

Interview

Le 08.07.2014 par Pauline Guillonneau

La Fine Equipe c’est 4 DJ-beatmakers, originaires de Marseille pour la plupart. Ils se sont rencontrés il y a déjà bien longtemps, si bien qu’ils ne savent plus exactement quand. Disons 2001.

« Il faut pratiquer, pratiquer… »

À Marseille, ils font du scratch, discipline à l’époque encore peu connue qui vise à alterner manuellement le rythme d’un vinyle sur platine. « Ça nous a frappé de plein fouet, le truc nouveau où tu pouvais apporter une pierre à l’édifice », se rappelle Mathieu alias Gib. Se forment à peu près à la même époque Chinese Man à Aix en Provence, C2C à Nantes ou Birdy Nam Nam aux alentours de Paris. Chomsky parle du scratch, comme un sport : « Il faut pratiquer, pratiquer, il y a des tournois, des championnats de France, du monde… ». Les français – peu nombreux – sont par ailleurs très bons : C2C et Birdy Nam Nam ont gagné plusieurs fois le titre de champions du monde de DJ en individuel et en équipe.

avant de scratcher, il faut savoir « digger »

Mais avant de scratcher, il faut savoir « digger », c’est-à-dire chercher frénétiquement toujours plus de vieux disques, tous styles de musique confondus. La Fine Equipe scratche ainsi sur des rythmes axés sur la soul, le jazz, la funk, le hip hop… La Fine Equipe, ces geeks du scratch, s’inspirent de ce qu’il se passe chez eux, à Marseille à l’époque, dans le rap ou le hip hop avec les Troublemakers, IAM, la Fonky Family ou encore Deluxe (qui, attention, sont de Aix, pas de Marseille, tient à préciser la Fine Equipe). LFE puise aujourd’hui ses inspirations chez les plus jeunes de l’électro comme Kaytranada, Flume ou Ta-ku. À quatre, ils créent leur propre collection d’albums et cherchent les musiques qui leur plait pour créer sons et samples. C’est là que leur vient l’idée de faire une compile avec plusieurs DJs et d’offrir une vitrine aux jeunes beatmakers.

Mais au tout début, la Fine Equipe n’est pas convaincue que ce projet puisse conquérir un large public. Les quatre beatmakers ne sont pas décidés de la définition à donner au projet : un album, un concept, une mixtape, le tout sous l’ombrelle d’un collectif ? Finalement, c’est un album qui sort en 2008 sous le nom de « La Boulangerie« , en hommage à l’album posthume de J Dilla, « Donuts ». Jay Dee, une grosse référence pour la Fine Equipe au complet. « La Boulangerie à l’époque, ça paraissait un peu improbable que ça marche », se rappelle LFE. Pas en reste, les quatre phocéens sortent une Boulangerie 2 en 2011.

Chaque titre est un nom de gâteau. la Fine Equipe donne une touche féminine à ce premier album qui vise à sortir de l’image masculine du hip hop. Les scratcheurs-producteurs tournent ainsi le projet en dérision, comme ils le font avec leur nom de scène, comme ils le font dans la vraie vie.

La cerise sur le gâteau

Ils voyagent beaucoup en train, « c’est super pratique, dit Mathieu, on a notre Mac devant la gueule, le casque sur la tête et youpi ! » « Love for Eva » naît ainsi entre deux gares. Qui est Eva ? Personne, c’est l’amour pour toujours, « Love for ever ». Une voix féminine entre sur la compile de La Fine Equipe avec celle de Laetitia Dana. « On aime beaucoup collaborer avec des chanteurs, des artistes, des musiciens », dit oOgo. Du coup, ils remettent le couvert et sortiront « une nouvelle boulange’ » le 28 novembre prochain. La Boulangerie 3. La cerise sur le gâteau. Des morceaux plus construits avec chanteurs et pas seulement des samples.

Dans les collaborations qui les ont marquées depuis leur début, on peut noter Phat Kat, sur l’EP « Gremlins« . Phat Kat a longtemps collaboré avec J Dilla ; le maillon entre la Fine Equipe et son idole n’est plus si loin. Il y a également ASM, A state of mind, deux rappeurs de Detroit qui rappent également avec Wax Tailor et sont aujourd’hui « un peu les MC officiels de La Fine Equipe ». LFE continue de s’agrandir, de nouveaux projets naissent et des collaborations se créent au fil du temps. On pourra compter sur les présences des jeunes de la nouvelle scène électro que l’on a déjà rencontrés, Fakear, Thylacine ou encore Everydayz sur la nouvelle Boulangerie. Tout un programme pour le dernier volet gastronomique et le début d’une nouvelle ère de projets pour les scratcheurs.

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