KIDS RETURN[FRA]
- Musique
Interview
Dans le studio de Kids Return
Le duo formé par Clément et Adrien nous a invité dans son studio parisien niché dans une petite rue du 9e arrondissement de Paris. Rencontre avec deux musiciens dans l’âme à l’occasion de la sortie de leur premier album « Forever Melodies ».
Il y des duos qui, quand on les rencontre, sonnent comme une évidence. C’est le cas de Kids Return. En entrant dans leur studio parisien, en plein cœur du 9e arrondissement, dans la rue de l’emblématique Hôtel Amour, on se dit que ces deux là se sont bien trouvés et que cette rue leur va bien. Ils se nomment Adrien et Clément. Clément et Adrien. Et depuis l’âge de 13 ans, ils ne se sont plus quittés, unis par une même passion pour la musique, la pop des années 60 et 70, notamment, et par Les Beatles, évidemment. Dans ce repère aussi charmant qu’exigu, ils sont assis côte à côte, au milieu de leurs instruments. Aux premiers abords, Clément et Adrien ne se ressemblent pas, mais à les regarder de plus près, il y a comme un air de famille. Des mimiques, des gestes, des expressions que ces deux frères de cœur reproduisent inconsciemment après tant d’années à s’être côtoyés.
Leur meilleur ami s’appelle leBonCoin
L’un est blond, comme les blés, l’autre est brun, un peu plus sauvage. Les deux artistes, un peu volages. (Non, je ne pensais pas un jour réussir à caser des paroles de Lorie dans une interview). Leur meilleur ami s’appelle leBonCoin. Les garçons y trouvent des instruments et du matériel d’époque qui recouvrent littéralement le sol et les murs de leur studio parisien et n’hésitent pas pour cela à traverser la France en voiture – sous la neige – à la recherche des meilleurs synthés et guitares de l’histoire. Du Juno 106, le synthé mythique de la pop, celui de Tame Impala et MGMT, au Memotron, « une réédition du Mellotron, c’est le son des Beatles », explique Clément, en passant par la mini-pop, une boite à rythme des années 60 – le premier cadeau d’anniversaire d’Adrien à Clément – sans oublier un Céra 8000 (utilisé par Air), les deux amis voyagent dans le temps dans leur « vaisseau » amiral musical.
Du temps, justement, ils en ont beaucoup passé à écouter de la musique, puis à en faire. Les deux jeunes garçons se rencontrent sur les bancs du collège Lavoisier, en 4e. Tout de suite, la connexion se fait. Ils aiment les mêmes groupes de rock, les Clash notamment, et les Arctic Monkeys. Biberonné aux groupes pop, le duo naissant partage déjà le même rêve que ses idoles : monter sur scène. « On voulait juste faire des concerts. On ne savait pas du tout jouer d’instruments, mais notre rêve, c’était de se produire à La Cigale », explique Clément. Des Teeers, leur premier groupe de rock, à Kids Return, le duo devient peu à peu une évidence. De quatre, ils n’en restera donc plus que deux.
L’idée soulevée, la machine est lancée. Kids Return est né.
Alors que le monde est en gueule de bois générale pour cause de pandémie mondiale, les deux amis se retrouvent confinés ensemble. « On passait des journées entières à regarder des films et à écouter de la musique. Un jour, on a vu le film de Takeshi Kitano, Kids Return, et on s’est tous les deux dits : « Ce sera le nom de notre groupe ». L’idée soulevée, la machine est lancée. Kids Return est né. Tout s’emballe et à la sortie du confinement, ils commencent à faire des concerts pour présenter leurs premiers morceaux. Le public est conquis par ces ballades pop aux accents rétros qui nous font voyager entre les années 60 et 70, entre Los Angeles, le Mexique et des prairies verdoyantes où l’on s’imagine déjà dévaler la colline comme Laura Ingalls dans La Petite Maison dans la Prairie.
Mais les références de Kids Return sont bien plus pointues, vous l’aurez compris. Leur groupe préféré ? Les Beatles, bien-sûr. « La composition, l’émotion, l’image. Ils ont créé la pop à tous les niveaux. Ils ont pensé la musique comme une entité, des pochettes d’albums aux clips. C’était un groupe exceptionnel et prolifique qui reste un exemple pour nous », expliquent-ils en chœur. Mais le duo partage aussi un amour pour les films et les séries. De David Lynch (Twin Peaks) à Wim Wenders, dont le film culte Paris-Texas les inspire pour leur son « Lost in LA », en passant par Antonioni, Rohmer ou Lelouch, sans oublier les westerns et Ennio Morricone. Leur musique et l’univers visuel qu’ils ont créé se situent ainsi à la convergence d’influences et de références plurielles.
des histoires d’amour et de potes.
Pour leur premier disque « Forever Melodies », le duo s’est inspiré d’expériences personnelles et de ce fameux passage de l’adolescence à l’âge adulte : des histoires d’amour et de potes. « C’est un disque très intime”, confie Adrien. « On a vraiment raconté ce qu’on ressentait à cette période. Même si on ne quitte jamais vraiment l’enfance, on a vraiment évolué depuis la création du groupe et nos premiers morceaux. Aujourd’hui, on se sent différent, plus mature, peut-être. On a beaucoup tourné aussi, tout est allé très vite et on a déjà fait plus d’une soixantaine de concerts ». Leur souvenir le plus fort reste d’ailleurs un concert à la Maroquinerie, déjà sold-out un mois auparavant. « On se demandait qui pouvaient bien être ces 500 personnes qui avaient acheté un billet pour nous voir. Quand on est arrivé, les lumières se sont éteintes et là, on a entendu des cris… C’était dingue », se souvient Adrien.
En mars, surtout, Kids Return se produira à la Cigale. « Notre rêve se réalise », sourit Clément, rêveur. On pourrait dire que la boucle est bouclée, mais à en voir les visages radieux de ces deux vingtenaires et la passion avec laquelle il parle de leur métier, on se dit que pour eux, l’aventure ne fait que commencer. Et que ces deux kids qui n’aiment rien plus que de composer et jouer auraient certainement beaucoup plu au célèbre quatuor de Liverpool. Quand on leur demande ce qu’on peut leur souhaiter pour la suite, les deux répondent une dernière fois en chœur : la musique et l’amitié.
Avant de les retrouver à la Cigale pour le concert de leur vie le 14 mars, vous aurez peut-être la chance de croiser le duo au Royal Bar ou au Sans-Souci. Le rendez-vous est pris.