Juliette Léveillé[FRA]

  • Illustration

Chronique

Le 11.01.2019 par JULIETTE MANTELET

« La courbe de tes yeux fait le tour de mon cœur, un rond de danse et de douceur » écrivait Paul Éluard. Ses mots pourraient décrire le monde plein de délicatesse qu’imagine Juliette Lévéillé, jeune illustratrice originaire de Paris qui a grandi dans un petit village de Bourgogne entourée par les vignes. Dans le monde illustré de Juliette tout est fait de courbes et d’arrondis. Loin des heurts de la vie, ses traits colorés font chaud au cœur.

Comme sur un nuage

Ce qui frappe dans les dessins de Juliette c’est la douceur graphique. Son style est unique, généreux. C’est sûrement l’un des plus doux que l’on ait pu voir. Où sont les lignes droites, les angles ? Tous les éléments qu’elle dessine, aussi bien les sommets des montagnes, que les cheveux des femmes ou le toit d’un château semblent moelleux comme les nuages ou comme une barbe à papa bien sucrée. Les éléments sont coulants, tendres, adoucis. Rien ne tranche ou n’attaque le regard comme si Juliette avait gommé la dureté de la vie. Et il en est de même avec les couleurs pastel qu’elle utilise, toujours estompées, diluées, jamais directes. Elles se chargent alors de dizaines de sous tons légers, délicats. Le contraste a disparu aussi bien de ses traits que de sa palette de couleurs.

Adieu monde de brutes

Son travail fait penser d’une certaine manière à celui du photographe Ben Thomas. Ce dernier effaçait aussi de ses images les éléments pouvant en ôter le peps. Chez Ben, adieu les ombres ou les reliefs pour offrir au spectateur une parenthèse 100 % optimiste à la Jacques Demy. Juliette a la même envie, elle souhaite inviter son public « dans un univers plus doux, sensuel, voluptueux et ainsi, plus rassurant » , le plonger dans sa « madeleine de Proust ». Et ça marche, puisque regarder ses illustrations procure la même sensation de réconfort et de soulagement que s’installer dans un gros fauteuil moelleux rempli de cousins.

Juliette dépeint une sorte de paradis terrestre, en accord avec son style apaisant, où les hommes et les animaux vivent en harmonie et en bonne intelligence. Un hymne à la vie et à la nature, une utopie illustrée faite aussi pour questionner la place de l’homme par rapport à la cette dernière. C’est la vie telle qu’elle pourrait l’être si l’homme profitait déjà de sa chance de vivre sur une terre si généreuse et luxuriante. Cinéphile et mélomane, la jeune illustratrice fait de nombreux clins d’œil aux artistes et aux œuvres qui la touchent. « Les fables de La Fontaine », des histoires mythologiques comme celle d’Orphée, des toiles comme « Le déjeuner sur l’herbe » autant de références qui fourmillent dans son travail. C’est l’art dans l’art, l’œuvre dans l’œuvre.                                                                   

 

Envie de créer un projet avec cet artiste ?
Contactez-nous