Jean-Philippe Lebée[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 09.12.2013 par Pauline

La photographie pour Jean-Philippe Lebée, c’est parti d’un manque. « Mon père avait un appareil numérique, il n’a jamais voulu me le prêter », se rappelle le jeune photographe. Il s’en procure un cinq ans plus tard, au moment où il arrive à Paris de Senlis et explique qu’étant de la jeune génération, il a naturellement commencé par le numérique. Il décolle assez vite au niveau des rendus, paraît-il, crée un blog puis une page Facebook pour suivre le mouvement des fan pages.
Jean-Philippe Lebee photographie TAFMAG interview

Un début prometteur

Tout s’emballe relativement vite pour Jean-Philippe qui est démarché en mars dernier pour faire la campagne de pub internationale d’une marque d’alcool, tous lieux, tous supports. Il passe ainsi par Madrid, Barcelone, Sheffield, Los Angeles, même par le parc national de Yosemite en Californie, Beyrouth, Athènes et bien sûr Paris. D’autres projets se profilent, l’obligeant à prendre un assistant, un agent et un comptable. Jean-Philippe n’a que 21 ans et est toujours étudiant en prise de vue aux Gobelins.

Il a du mal à décrire son univers. Jean-Philippe parle de colorimétrie, de cadrage binaire. Une personne par photo, un modèle, jamais – ou du moins rarement – professionnel. Rien d’autre qui risquerait de déranger le regard du spectateur concentré sur la femme centrale et souvent, fatale.

Le jeune photographe aime les femmes des années 70-80, « les vraies femmes », celles qu’il n’a pourtant pas connues. Les années 70-80, une époque qui selon lui révèle la femme et promeut son essor. Il déplore aujourd’hui le manque de sensualité des femmes. « C’est la mode qui veut ça », dit-il résigné. Les Dr Martens, les leggings léopard, ce n’est pas féminin pour le photographe. « J’aime redonner le côté sensuel de la femme sans être provoc ou trash ».

Il souhaite ainsi parler aux femmes de tous les jours, pas aux mannequins, en créant une photo abordable pour toutes les femmes. Il faudra tout de même préciser que si ses modèles ne sont pas des professionnelles, elles s’en rapprochent dangereusement. Le plus intéressant dans ces photos, c’est de voir l’aspect cinématographique et de se rappeler à quel point les deux médias, photographie et film, sont liés. Chacun y trouvera ses références cinématographiques.

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Départ pour Beyrouth

Mais cette thématique de prédilection évolue. Pour la campagne, Jean-Philippe a beaucoup voyagé et est notamment parti pour Beyrouth. Il y découvre le photo reportage, du moins, il l’effleure à la frontière avec la Syrie d’où il entend des coups de feu.

Alors qu’il est en repérage pour le shoot de la campagne, Jean-Philippe rentre dans une maison. Il tombe sur une image forte qui le marque encore. Il raconte : « Il était 8h30 du matin. 8h45 précisément. Au Liban le soleil se lève plus tôt qu’en France. Il faisait froid. On faisait des repérages dans un quartier au sud de Beyrouth, un quartier un peu chaud sous contrôle des milices du Hezbollah. J’étais avec Marc de la production locale. Un garçon magnifique, drôle ; une des personnes les plus géniales que j’ai rencontré dans ma vie. On a vu une porte. Je suis tombé nez à nez avec ces deux vieilles dames. Il faisait froid dans la maison. J’ai bafouillé en anglais que je voulais prendre une photo. C’était une vieille dame qui se laissait mourir. Elle avait le poids de la vie sur ses épaules. Elle avait les yeux très noirs, très très noirs. Je savais qu’il fallait que je fasse la photo. Ça m’a fait froid dans le dos, quand je suis reparti, c’était une ambiance assez glauque, tu sentais la pauvreté des gens. Capter cet instant là, c’était très intéressant. »

La photo documentaire colle assez bien à ce parisien d’adoption qui capte si bien un instant, une atmosphère. Il essaie de rendre les choses jolies. Elles le sont sans aucun doute, ses photos qui font penser à des extraits cinématographiques. Il a des photos qu’il garde pour lui, des photographies qui s’apparentent plus au documentaire prises au fil de ses récents voyages.

« Faudrait peut-être que je continue alors ? », sourit-il me voyant tant enthousiaste. On espère sans aucun doute voir le documentaire prendre le dessus, tellement ces dernières sont poignantes. On a tellement besoin de se rappeler que le monde, ça n’est pas que sensualité et leggings léopards.

 

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