Gomargu[FRA]
- Illustration
Chronique
On connaît tous Chandler Bing. Ce bon copain qui a bercé notre adolescence de ses blagues sarcastiques dans chacun des épisodes de la série iconique Friends. Chandler c’est le blagueur de la bande qui se sert de l’humour comme moyen de défense pour cacher certaines de ses peurs et auquel on s’attache, forcément. L’illustratrice Margaux Reinaudo, alias Gomargu sur les réseaux (surnom donnée par ses copines) c’est un peu Chandler au féminin. C’est avec ces quelques mots qu’elle se présente sur la toile : « Bonjour, moi c’est Margaux et je fais de l’humour à chaque fois que je suis mal à l’aise ».
LEçon de répondant
Pour une fois, dans l’univers de Margaux, les mots sont aussi importants que les traits. Voire plus. Margaux travaille à la manière d’une humoriste. Elle note les mots, trouve les phrases justes, imagine les contextes. Avant de penser au dessin. Elle opère un vrai travail d’observation et dessine « ce qui lui saute aux yeux » dans son quotidien.
Cet esprit bande-dessinée, où le texte et le dessin se rejoignent, la suit depuis longtemps. Margaux se souvient de ces « vacances de l’ennui », pendant son année de 5ème, où elle a énormément dessiné et a même imaginé une petite BD de 17 pages. À côté de l’illustration, Margaux bosse comme graphic designer dans un environnement bien différent, dont elle s’inspire pour créer. C’est sa matière première. Ses illustrations expriment ses pensées face à des phrases et des remarques entendues en boucle, des conversations qu’elle saisit autour d’elle ou dans la rue. Margaux a commencé par les écrire sur des post-it, pour « vider son sac ». De simples légendes sont devenues le sujet central de ses illus en noir et blanc. Un noir et blanc que Margaux trouve plus fort, plus impactant. Elle aime ce côté brut, très premier degré. Et ne pas en faire trop. Pour elle, c’est un peu le noir et blanc des affiches de mai 68 et des bande-dessinées de Marjane Satrapi, avec ombres et nuances.
Son arme à elle ? Les phrases crues, loin du cucul et des pâquerettes. La jeune femme conçoit ses dessins comme des « reminders », là pour nous rappeler qu’on a le droit de dire ceci ou de penser cela. Elle affiche tout haut nos pensées intérieures, les phrases choc qu’on aimerait oser sortir. Elle nous donne une leçon de répondant. Vitale face au harcèlement de rue, aux remarques sexistes et aux attentes pesantes de la société. « On voit ta culotte, c’est vulgaire ». « T’as raison… Je l’enlève », répond Margaux.