Flots artificiels

Turquoise ou saphir, rectangulaire ou arrondie, vide ou remplie, elle est un motif récurrent de vos étés mais également de la littérature, de la peinture, du cinéma ou de la photographie.

Bassin artificiel, elle est ce huis-clos libéré où l’on s’octroie un moment d’abandon, cet espace délimité où les sens sont plus forts que la raison.

Il y a « La Piscine » de Henri Matisse, ce bain de poésie de 8m50 où des femmes dénudées nagent vers l’infini.

De Capri à Marbella, en passant par Acapulco, il y a les piscines rétros de Slim Aarons et ses clichés glamour où la Jet Set pose dans ses plus beaux apparats sans jamais y tremper le petit doigt.

Il y a bien-sûr « La Piscine » de Romy Schneider et Alain Delon. Saint Tropez, le bruit des cigales, l’ombre des oliviers et Jane Birkin en maillot blanc. Amour et trahison, le soleil au zénith et Françoise Sagan, pas loin, qui noie sa tristesse dans la mer qu’elle préfère au doux clapotis de l’eau rectangulaire.

A Bigger Splash.

Il y a les piscines américaines où l’on plonge, où l’on déborde.

Celles de l’hyperréaliste David Hockney qui en 1963 peint le Splash le plus célèbre de l’histoire de l’art dans une piscine de Californie.

Un peu plus loin, Somewhere à Sunset Trip, à l’ombre de West Hollywood, se cache la piscine du Château Marmont. Décor mystérieux et sulfureux de l’usine à rêves où évoluent le héros de Sofia Coppola et où se côtoient les légendes du 7e Art. Entre réalité et fiction, écrivains, réalisateurs, acteurs et photographes continuent de construire le mythe et pas une année ne passe sans que Bret Easton Ellis ne s’y installe pour y puiser l’inspiration de ses romans hollywoodiens. Adieu plage abandonnée, coquillages et crustacés. Hello cocaïne, romances éphémères et baisers volés.

De Gatsby le Magnifique au Loup de Wall Street, la piscine est un décor idyllique, un lieu de fêtes et d’excentricité où l’on vient laver ses péchés.

Car la piscine ensorcelle et fascine par sa dualité. En apparence calme et apaisée, elle est ce lieu entre guerre et paix. Cet instant propice à l’éphémère, à la gloire et à la beauté.

Aussi paresseuse que tumultueuse, la piscine est ce lieu hors du temps où l’on sort envoûté.

Alors cet été, n’oubliez pas de plonger dans la piscine dans un énième et éternel « splash » dont le doux clapotis semble nous crier une fois de plus : liberté.

© Romain Laprade