Fanny Duval^[FRA]

Retour à l’essence même de la photographie. Fanny Duval a pour simple vocation « la captation de l’instant présent. » Elle souhaite mémoriser les instants forts, garder une trace de ses voyages, sans retouches et au naturel. « Une photo, pour moi, doit refléter ce que mon œil voit, une réalité, un instant apprécié tel quel » décrit l’artiste.

#NOFILTER

Dans notre société actuelle, captivée par Instagram où le moindre cliché de plage se retrouve transformé, déformé et amélioré par des filtres à gogo, Fanny fait figure d’OVNI en se concentrant sur l’essentiel. Elle ne se préoccupe pas de la technique photographique – qu’elle rejette presque -, pour se focaliser sur les êtres, les ambiances singulières et les détails. Fissures sur un mur, branches d’un arbre et paysans locaux peuplent sa pellicule. Elle retranscrit ses découvertes comme elle les voit, sans en rajouter. Son travail entièrement réalisé à l’argentique ne fait l’objet d’aucune retouche, Fanny ne trouvant pas son intérêt dans les logiciels photo. Elle pose juste son regard sur des lieux, des cultures et cherche toujours à mettre en relief ce qui les différencie, les rapproche, sans filtre et sans fard. Ses photos de voyage ne montrent pas toujours le plus beau ni le plus « instagramable » et encore moins le plus exceptionnel. Juste la vie, la vraie.

LA VRAIE VIE

Le voyage est aujourd’hui en pleine expansion entre l’essor des compagnies low coast facilitant le départ et les réseaux sociaux, qui donne toujours une envie d’ailleurs plus grande. Dans ses voyages, Fanny propose de découvrir les pays qu’elle traverse « sans les pièges à touristes », et illustre une forme de voyage plus authentique. Même dans l’ailleurs, Fanny s’intéresse au quotidien, au banal, évitant ainsi les clichés du « touriste lambda ». Ce dernier, pour prendre sa photo,  aurait attendu que le paysan jordanien à dos d’âne passe, que le flou se dissipe pour capturer le Golden Gate, ou que les vacanciers nagent un peu plus loin pour immortaliser le littoral italien. Il n’aurait pas posé son regard sur les simples feuilles d’un arbre sur fond de ciel bleu ou sur ces mannequins cloués au mur. Les photos de Fanny, peuplées de ces petits détails de vie, sont ainsi plus honnêtes. Elles célèbrent le voyage total et dépaysant, mélangeant les paysages et les hommes, l’extraordinaire et l’ordinaire, allant à la rencontre des locaux. Elle photographie ce qu’elle remarque en premier à son arrivée, ce qui la surprend, pour procurer à son public un sentiment d’égarement, de curiosité et de surprise sans vraiment savoir où l’on est. D’une certaine façon, elle suit ainsi les traces des photographes qu’elle admire de Alex Webb de l’agence Magnum, à William Eggleston, sans oublier Raymond Depardon, des photographes réalistes, du quotidien, de la vraie vie.