Fakear[FRA]
- Musique
Interview
On a interviewé Fakear il y a 7 ans. Quasiment aux débuts de l’artiste, que l’on avait rencontré en première partie de feu le groupe Fauve. Aujourd’hui, on a rappelé Théo pour se donner des nouvelles de ces 7 dernières années et connaître le contenu de ses journées en période de confinement. C’est l’objet de notre nouveau podcast, La Confinerie. Bonne écoute sur Tafmag !
Vous pouvez suivre et écouter cet épisode de La Confinerie sur une sélection de plateformes en suivant ce lien. Bonne écoute !
Article du 21 juin 2013 pAR PAULINE GUILLONNEAU. PHOTOS DE AURORE LUCAS.
Vous voulez bien que je vous emmène en voyage ?
On a rencontré Fakear alors qu’il faisait la première partie de Fauve à la Flèche d’Or de la Nuit Fauve #5. Il fait du live sur machine comme un vrai musicien qui joue de son instrument en rythme. D’ailleurs, Fakear, c’est un musicien-beatmaker d’une normalité la plus totale.
Il prône la normalitude. « Les gens aujourd’hui ont besoin de s’affilier à des gens normaux. Regardez, on a même un président normal » rit-il. On pourrait presque penser qu’elle est finie, cette période oùles musicos jouaient des personnages sur scène. Pour lui, c’est important d’être honnête quand il joue. « Il faut que je sois le plus humain possible sur scène pour compenser avec mon show sur machine », explique Fakear.
Mais comme beaucoup, quand il joue dans des grandes salles, Fakear a du mal à rester naturel. « Tu ne vois pas les gens, tu as les spots en pleine figure, il y a du bruit... » Jouer devant une foule, c’est comme une fonction logarithme, « au début, tu joues devant tes potes, devant 10 potes, c’est fou. Puis ils ramènent leurs potes. Tu joues alors devant 50 personnes, c’est génial. Puis 50 à 100 personnes, 100 à 800, 800 à 1500 ; c’est fou. Après, 1500 personnes, c’est un cap ». Plus il y a de gens, plus il est difficile d’oser se livrer devant le regard perçant de la foule qui scrute scrupuleusement le travail des musiciens. « 3000 personnes qui te jugent, c’est hardcore à supporter », dit Fakear. Surtout que contrairement à d’autres musiciens, il ne peut pas se cacher derrière un membre du groupe. Il est tout seul à jouer, à ambiancer la salle, à présenter son travail…
Il faut donc rester soi même. C’est important pour Fakear de savoir où il va avec sa musique, de prendre son temps. « Faut pas penser aux vues sur ton site. Mais à l’honnêteté la plus ouf », conseille-t-il, « comme quand tu jouais pour tes potes ». On sent le vécu. Jouer un jeu, se perdre de vue, soi et son honnêteté le terrifie. Il cite son ami Superpoze, « l’excitation, c’est cool. Mais à la fin, tu te retrouves tout seul ». Il ne veut pas exister qu’en tant que Fakear mais aussi en tant que Théo, Théo qui tente de se mettre à la cuisine et va à la piscine. Bref, qui continue à exister à côté de sa musique.
DU ROCK À L’ELECTRO
Il a commencé comme beaucoup avec la guitare dans un groupe de rock. L’ingé son qui monte leur premier EP le bluff. À ce moment, il pense commencer seul pour ne plus être « qu’une partie du groupe » mais une entité qui développe son univers musical dans un produit final – le beatmaking pour Fakear. Le batteur de leur groupe d’alors n’est autre que Superpoze qui l’encourage à faire du live sur machine. Superpoze à déjà gagné un tremplin, ça donne envie à Fakear qui remportera le sien au Cargö à Caen. Il fait ses samples tout seul, dans son studio de Montrouge. Synthé, guitare, percussions, piano, saxo, basse, flûte… Puis tout passe par ordinateur. « À la base, je suis musicien, pas beatmaker » se justifie-t-il. On reconnaît de fait l’electro avec une mélodie, une structure classique : un premier thème, un développement ou refrain, une redite du thème. Les films l’inspirent, surtout ceux de Miyazaki. Puis le Japon en général, où il n’est encore jamais allé mais à qui il rend hommage avec son EP sorti le 1er juin, Morning In Japan.
Fakear a donc la tête bien sur les épaules avec sa gentillesse et son honnêteté. Il continue à transporter les gens, les faire voyager, leur offrir pleins de bonnes sensations…
« Vous voulez bien que je vous emmène en voyage ? » avait-il demandé timidement au public de la Nuit Fauve #5. Alors que l’été pointe doucement le bout de nez, oui Fakear, on ne demande qu’à voyager.