Clément Huylenbroeck[BEL]
- Photographie & Cinéma
Une manucure clinquante sur fond de nappe en papier cheap, des cubes d’emmental et de jambon rigoureusement répartis dans des barquettes en carton… Tout est prêt pour les élections de la plus belle miss locale. Clément Huylenbroeck a shooté dans la série Communal Dream, une vingtaine de lieux accueillant des concours de beauté en Wallonie.
Interview
Le festival Ciruclation(s) au CENTQUATRE à Paris est dédié à la jeune photographie européenne. Il a pour vocation de faire découvrir au public la jeune création artistique contemporaine à travers des talents émergents. Vous avez découvert sur TAFMAG les travaux du suédois Kristoffer Axén et du duo français Ulysse & Darcoe. Cette semaine, nous vous présentons la série Communal Dream de Clément Huylenbroeck, photographe belge né en 1988.
Clinquante manucure
La lumière est blafarde, les jurés sont concentrés, le public endimanché déguste du Cire de Beaupré et les miss, naïves, vivent leur instant de gloire. Une certaine mélancolie se dégage des photos de Clément Huylenbroeck. Il a capturé des personnages se délectant d’un évènement éphémère un peu moche. C’était d’ailleurs une volonté de sa part de photographier les plus petits concours. « Il y a beaucoup de choses à photographier dans ces concours qui sont une tentatives d’imitation de concours nationaux prestigieux. La série Communal Dream est un peu moqueuse mais jamais dénigrante. Les gens sont vrais. Ils essaient d’organiser, à leur échelle, des illustres élections mais ils se loupent à chaque fois. C’est ce côté bancal qui me plaît », justifie le photographe.
Clément Huylenbroeck a commencé à photographier des concours en 2012, lorsque sa sœur a été élue Miss Cognebeau, lieu-dit belge. « L’élection prenait place sous un chapiteau dans un champs, se souvient le photographe. C’était un mix entre une beuverie et une cérémonie. Le moment était comme suspendu dans le temps. C’était à la fois vilain et touchant. »
Immortaliser le manque d’harmonie
La démarche photographique de Clément Huylenbroeck consiste à immortaliser le manque d’harmonie. « C’est souvent plus intéressant et attendrissant que la beauté communément entendue », appuie-t-il. Il vient de terminer en collaboration avec Pierre Liebaert, Big shit, série sur les aires d’autoroutes, lieux de passage anonymes. Comme dans Communal Dream, les personnages sont désincarnés. « Ces endroits sont là pour satisfaire nos besoins primaires : manger, aller au WC, et parfois même copuler, entre deux camions. » Clément Huylenbroeck photographie des lieux transitoires, des moments fugaces. Il s’agit de photographie documentaire à la Strip-Tease, émission belgo-française qui filmait sans commentaire, de manière totalement neutre et dans l’irrespect du bon goût, la fadeur du quotidien de gens anonymes, souvent névrosés : terriblement humains.
Il a également enrichi la collection This is not a map ; des fausses cartes Michelin qui célèbrent la rencontre entre un photographe et un lieu. Clément propose un voyage narratif et subjectif en Wallonie dans la veine de Martin Parr.
Aussi, sa série Taxinomie, travail sur le zoo et la relation entre les hommes et les animaux, a été publié dans le mook bi annuel Mémoire Universelle. Vous pouvez le dénicher chez Colette, entre la revue Egoïste et un livre sur Stephen Shore.