Charlotte & Camille de la galerie Porte B[FRA]

  • Art & Peinture

Interview

Le 09.01.2024 par Louise Conesa

Dans la galerie intimiste de Camille et Charlotte

Que diriez-vous de vous glisser derrière l’une des mystérieuses portes-cochères de Paris ? C’est la promesse de découvertes surprenantes et Coup d’été n’a pas résisté ! À l’angle de la dynamique rue Lancry, nous nous sommes introduites dans une cour verdoyante pour découvrir la galerie Porte B. Un projet rêvé sur les bancs de la fac par Charlotte et Camille, il y a près de 15 ans. Fin 2023, nos deux amies soufflaient la première bougie de leur galerie, bien plus qu’un simple lieu d’exposition. Vous nous suivez ?

Derrière le mystère de la Porte B.

Parquet au sol, mur de pierres à caractère, cuisine ouverte chaleureuse… Vous ne faites pas erreur ; nous sommes bien dans une galerie, mais quelque peu atypique. Derrière la porte vitrée, Charlotte et Camille nous accueillent en cette fin de journée, le sourire aux lèvres. Cette matinée-là même, elles préparent une performance qui animera bientôt les lieux en écho à l’exposition de Tiffany Bouelle, artiste qui leur a accordé sa confiance dès les débuts de leur aventure.

En déambulant dans l’espace, on saisit cette confiance ; l’aura qui émane de la galerie et de ses fondatrices dégage une aisance, une familiarité bien éloignée des white cubes traditionnels. C’est un « pas de côté » que Camille et Charlotte ont décidé de faire dans le monde du marché de l’art, il y a maintenant un an. Mais ce pas, elles l’ont fantasmé, dès leur rencontre à l’université. Assises dans leur cuisine, véritable cœur battant de la galerie, elles se replongent dans la genèse de leur amitié et de ce projet devenu aujourd’hui, la Galerie Porte B.

Galerie Porte B : du rêve à la réalité

Toutes deux sont alors étudiantes en histoire de l’art à Paris et comme toutes étudiantes, leurs esprits s’animent des projets fous. Celui qu’elles partagent ? L’ouverture d’un lieu d’exposition qui repense le rapport à l’art émergent, à l’artiste et au public.

La graine germée dans leur esprit, chacune va faire ses armes dans le milieu de l’art sans jamais se séparer. Camille dans une galerie d’art contemporain puis aux côtés d’un spécialiste du mobilier Art déco. Charlotte, elle, a côtoyé le monde des antiquaires et s’est formée auprès d’un expert en art asiatique ancien. Dix ans plus tard, à découvrir les dessous de ce domaine, les deux amies se sentent prêtes à concrétiser ce rêve. « Nous avons senti que nous avions les épaules nécessaires et que la peur n’était plus un frein mais un élan pour développer notre projet », confient-elles.

Un pas de côté pour une galerie atypique

Leur objectif alors : présenter la jeune scène artistique avec une approche différente, loin des carcans imposés par le milieu. Et pour cela, le choix de l’espace était essentiel. « La jeunesse aime l’art, la culture. Mais nous avons constaté que passer le seuil d’une galerie d’art lui fait peur ». De cette image fermée et élitiste, Camille et Charlotte cherchent à offrir une autre représentation. Familière, modulable et surtout, ouverte à tous.

« On aimait bien l’idée que les visiteurs arrivent dans notre cuisine. Que l’on puisse discuter autour de cette table qui sert aussi de présentoir pour les dessins »

Après un an de recherche, les voilà installées dans le cœur vibrant du 10e arrondissement de Paris, dans un volume distinct aux espaces convoités du marais. À nouveau, le tandem fait un pas de côté en le gardant dans son état original. Laissant la cuisine ouverte sur l’espace d’exposition. « On aimait bien l’idée que les visiteurs arrivent dans notre cuisine. Que l’on puisse offrir un café et discuter autour de cette table qui sert aussi de présentoir pour les dessins. Et symboliquement on aimait bien. C’est un peu les coulisses, c’est intimiste. » explique Charlotte. Autour de cette table-présentoir, nous saisissons l’importance du rapport humain. « L’objectif d’une galerie est de faire connaître un artiste et de vendre ses œuvres mais c’est aussi tout une connaissance à faire passer auprès d’un public. On a voulu aborder différemment l’espace aussi bien avec les visiteurs, les collectionneurs ou les artistes ».

La Galerie comme espace de lien

Ces liens tissés au fil du temps, souvent délaissés au profit de l’aspect commercial, reprennent leurs droits dans cet espace. « L’idée est d’accompagner les artistes au début de leur carrière sur le long ou le court terme. Et pour défendre leur travail il faut créer un vrai lien avec eux. Nous sommes à la fois leurs galeristes, leurs assistantes, leurs amies ». Une relation sincère et transparente que l’on ressent en déambulant auprès des deux consœurs dans leur espace. Sur les murs, ce sont les dernières œuvres de Tiffany Bouelle, artiste accompagnée depuis l’ouverture en 2022. D’œuvre en œuvre, c’est l’histoire de cette dernière et leur collaboration qu’elles nous racontent avec intérêt. La double culture franco-japonaise de l’artiste, sa technique méticuleuse de la calligraphie, son engagement physique avec sa peinture. Impossible de ne pas être emporté par ce récit et ses toiles mi-figurative, mi-abstraite.

« La jeunesse aime l’art, la culture. Mais nous avons constaté que passer le seuil d’une galerie d’art lui fait peur ».

Si les murs s’habillent d’œuvres picturales, la galerie refuse les étiquettes et les frontières disciplinaires « Ce qui nous intéresse, c’est d’être là où l’art est en train de se faire. », nous répond Camille. Peinture, photographie, art numérique, toutes les formes s’entremêlent dans l’espace, créant un décloisonnement propice à la découverte et à la rencontre. « Au-delà même de l’histoire de l’art, nous voulons montrer l’art de notre temps. Qui dit quelque chose du monde dans lequel on vit. C’est pour cela qu’on aime tant travailler avec des artistes contemporains », s’animent les fondatrices.

L’heure du bilan après un an d’existence

Alors que l’année 2023 touche à sa fin, Camille et Charlotte regardent ces douze derniers mois avec la bienveillance et la transparence qui font leur force. Le 21 décembre denier, Tafmag y est devenu Coup d’été, après une soirée de lancement plein soleil. Et la suite déjà, pour 2024. Leur résolution ? Continuer ce projet qui les anime depuis leur rencontre, soutenir la création émergente, s’ouvrir au-delà de leur galerie à travers des foires et des partenariats innovants. Et cela démarre dès janvier, avec l’exposition du duo de photographes Pierre et Florent dans la Manufacture Saguez à Saint-Ouen. Passez le pas de porte, on vous promet, vous ne serez pas déçus.

Galerie Porte B.
52, rue Albert Thomas, Paris 10e
Du mardi au samedi, 11h-19h

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