Cécile Chine[FRA]
- Mode
Chronique
Cécile Chine. Le nom annonce d’emblée la couleur. Adieu le neuf, bonjour l’upcyling. L’autre pendant de la mode éthique. Celle qui, comme Les Récupérables, se base sur la réutilisation de tissus déjà produits. Et comme 4 millions de tonnes de vêtements neufs ou usagés sont jetés chaque année en Europe, il y a de quoi faire ! Pourtant certaines matières, comme le jean par exemple, sont hyper résistantes et prêtes à affronter plusieurs vies. C’est de ce postulat qu’est partie Cécile, fondatrice de la marque. Elle arpente les boutique Emmaüs et les brocantes du 20ème arrondissement en quête de cette matière précieuse. La plus polluante de toutes, qu’elle détourne en patchwork et réutilise avec goût. Sans produire de nouveau.
Jean chiné
La fripe, Cécile l’a dans le sang. Elle a appris à coudre avec sa grand-mère, passe sa vie à arpenter les brocantes et s’amuse depuis toujours à transformer ses propres fringues. Avant de créer sa marque, elle était même responsable d’une grande friperie. Cécile Chine, son label, n’est que la suite logique de ce parcours tourné vers l’éthique. Cécile possède une autre vision du vêtement. Loin du neuf à tout prix.
L’une de ses pièces préférées a toujours été le pantalon jean. « Pièce maîtresse du dressing ». Elle évoque la quête sans fin du jean parfait. Et une fois que tu l’as trouvé, de la confiance en soi qu’il te donne. Rien ne peut t’arriver. C’est un peu le jean magique de « Quatre filles et un jean ». Une pièce fiable, sécurisante, confortable, durable, que l’on aime aussi beaucoup. Et pratique avec ça : il va avec tout. Malheureusement, de nos jours, impossible d’ignorer l’impact écologique de sa production. Pour fabriquer un seul jean il faut en moyenne 1kg de coton et entre 7 000 et 10 000 litres d’eau. L’équivalent de 285 douches… Effarant. Pour le jean donc, plus question de faire autrement : il faut recycler. D’autant qu’un bon jean peut se garder toute une vie. Cécile a fondé sa marque pour apporter à son échelle une alternative à cette production dévastatrice. Elle réutilise le jean, une des pièces les plus faciles à trouver en seconde main, dans des créations patchwork décalées et uniques, pour des looks androgynes efficaces. Des basiques qui sortent un peu du lot, « des basiques + », s’amuse la créatrice. Plus stylés que des pièces Uniqlo mais portables tous les jours. Et surtout confortables, car elle déteste par-dessus tout se sentir stylée mais être mal à l’aise toute la journée. Des pièces pour des femmes actives : architecte, photographe, conductrice de chantier. Qui se bougent et se salissent. Ses copines de 25 ans comme les amies soixantenaires de sa maman.
Les habits Cécile Chine sont élaborés en très petites séries et cousus à la main par Cécile elle-même, à Paris, dans une transparence totale. Cécile met d’ailleurs en garde contre l’image que l’on des ateliers parisiens. Pour en avoir visités plusieurs, elle affirme que le « made in Paris » n’est pas la garantie de bonnes conditions de travail. Elle ne prétend pas non plus détenir la solution parfaite puisqu’elle retravaille la matière pour imaginer de nouvelles pièces et utilise parfois des éléments neufs pour les zips ou les doublures. Mais en termes de mode éthique et d’écologie en général, l’idéal n’existe pas et chaque effort est à encourager. Sans moraliser et chercher toujours la petite bête.
PS : Le lancement de la nouvelle collection c’est justement ce soir, à partir de 18h au 47ter rue d’Orsel dans le 18e.