Broken Back[FRA]
- Musique
Interview
On l’appelle souvent le Milky Chance français. Pourtant, on a vérifié, son premier EP est sorti avant la Stolen Dance du duo allemand. On admettra toutefois que les styles sont assez similaires : des titres pop qui tirent sur l’électro avec une production emprunte des codes de la deep, à laquelle on peut ajouter un timbre rauque et suave à la Ben Harper.
Skinny Love
Broken Back – ou Jérôme Fagnet – vient de Saint Malo où il a appris très petit le tuba. « Le tuba, parce que c’est un instrument un peu différent », justifie-t-il aujourd’hui. Finalement, il arrête par altruisme pour ses voisins et passe à l’apprentissage autodidacte de la musique. On le voit y faire dans son clip Skinny Love où Jérôme passe de la guitare au ukulélé en passant par le clavier et derrière son micro. Facile.
Le projet Broken Back a commencé alors que Jérôme se déplace une vertèbre. Une sorte de dos cassé. Cloué au lit pendant plusieurs mois, il commence à composer, évitant ainsi de « perdre trop de temps ». Il est comme ça Jérôme, carré et précis sur ce qu’il entreprend. Étudiant dans une grande école de commerce à Lille, Jérôme est un entrepreneur né. Il a déjà créé sa boîte d’agence digitale et fait marcher son projet musical comme une petite entreprise.
« Le malheur est le père du bonheur de demain »
Sorti le 23 mars dernier, son premier EP, « Dear Misfortune, Mother of Joy », est inspiré d’une citation d’Albert Cohen : « Le malheur est le père du bonheur de demain ». C’est la philosophie de vie de Jérôme : « Quand tu es dans une mauvaise passe, il faut tirer quelque chose de bien. » Cet EP est un retour à zéro, remplaçant son « vrai » premier EP : « Future Ain’t What It Used To Be », qui évoquait le premier chapitre de l’histoire de Broken Back, sa genèse en somme. Son deuxième-premier EP parle de l’avenir qui en découle.
Ses musiques, Jérôme les compose au feeling. Il ne veut en aucun cas se brider à un seul thème mais s’inspire de tout ce qui l’entoure. Comme pour le titre Happiest Man on Earth où le musicien parle de cette fraction de seconde pendant laquelle on a tout juste le temps de se dire : « Putain, là, je suis heureux ». A travers sa chanson, Jérôme a souhaité étendre ce moment fugace à quelques quatre minutes en musique.
Broken Back fait ainsi sa place dans la nouvelle scène musicale française et internationale. La concurrence est dure aujourd’hui, admet Jérôme : « Les gens n’ont jamais écouté autant de musique. Mais il n’y a jamais eu autant de groupes ». A l’inverse, de plus en plus aujourd’hui, la mouvance se prête au slow listening.
« Un jour, je calerai un tuba dans un de mes titres »
On prend le temps d’écouter, de découvrir, de s’approprier une chanson, un artiste. Et de partager. Broken Back s’inscrit complètement dans son temps, travaillant et échangeant avec des groupes de sa génération. Le lyonnais N’to l’a ainsi aidé sur la production de son EP. Jérôme a sorti récemment un titre avec Klingande et travaille actuellement avec Synapson.
« Un jour, je calerai un tuba dans un de mes titres », conclut Jérôme. Comme un clin d’œil à ses débuts malouins qui ont lancé la carrière d’un Broken Back bien prometteur.