Beya Rebaï[FRA]
- Illustration
Chronique
Née à Paris, Beya a étudié trois ans en Belgique avant de revenir vivre dans sa ville natale qui lui inspire d’ailleurs de nombreuses scènes illustrées. Seulement âgée de 23 ans, Beya fait partie de la jeune génération de l’illustration. Cette scène qui explose aujourd’hui grâce aux possibilités multipliées de la technologie et d’Instagram. Elle est encore étudiante, mais a pourtant déjà illustré des légendes guatémaltèques ou encore un livre de recettes. Pour elle « tout est prétexte à dessiner » : voyages ou rencontres, elle esquisse des scènes vives et vivantes avec ses crayons aux couleurs automnales.
INTO THE WILD
Si Beya ne quitte jamais ses carnets de croquis, ses pastels et ses crayons de couleurs qui lui permettent où qu’elle soit de croquer avec un trait vif et hachuré une scène éphémère, elle se tourne aussi souvent vers l’illustration digitale qui lui offre un choix de couleurs illimité. La couleur est un élément très important dans son travail. L’illustratrice dit d’ailleurs s’inspirer du courant artistique des Nabis mené notamment par Paul Sérusier ou Pierre Bonnard à la fin du XIXe siècle. Comme eux, elle juxtapose les plans colorés et se libère du réalisme, exagère les dimensions. Beya ne reste pas dans l’imitation pure, elle embellit et augmente notamment la place de la nature.
Les traits de Beya ont en effet la particularité de faire se fusionner l’humain et le naturel. Dans ses dessins très denses, la nature est omniprésente, comblant chaque vide et prenant alors le pas sur l’humain. Des feuilles sortent des quatre coins du dessin, tentaculaires et envahissantes. L’artiste se joue des proportions et crée des arbres immenses, dépassant les maisons, dominant la petite aventurière qui se balade. Le feuillage, Beya l’exploratrice le dessine un peu naïvement, une ossature centrale et de petites hachures pour chaque feuille. Simple et efficace. Contrairement au travail d’illustratrices comme les soeurs Sorlet, ce ne sont pas les personnages qui sont au cœur de sa vision de l’illustration, ils ne sont qu’un prétexte pour créer un paysage imaginaire. Beya n’est pas intéressée par les saynètes de vie sur fond blanc, elle aime imaginer le contexte, les alentours. Elle soigne le cadre. Les femmes de Beya sont perdues dans la jungle, c’est l’immensité du naturel. Les femmes et les arbres fusionnent, les cheveux de ses dernières sont dessinés comme les ramures des arbres, en mouvement. C’est grâce aux nombreux petits traits qu’esquisse Beya comme des rayures et ajoutés sur les aplats de couleurs qu’éclot cette impression que les arbres comme les femmes sont animés. La forme humaine se dissout dans le feuillage, l’imite, comme un clin d’œil à l’actualité et au besoin évident qu’aujourd’hui, la nature passe (enfin) au premier plan.