Antoine Besse[FRA]

  • Photographie & Cinéma

Interview

Le 10.11.2015 par Pauline Guillonneau

Du skate au surf, Antoine Besse glisse sur une image toujours sublimée

Même confinés, on a le droit de s’imaginer un peu de liberté. Pour cette période faite de temps et d’attente, le réalisateur Antoine Besse a ouvert les droits de son long-métrage, Courbes (52mins), comme Clément Beauvais & Arthur de Kersauson pour leur film sur la moto et plus précisémment, les mécanos, The Greasy Hands Preachers (87mins) ou encore Clément Gonzalez pour son court-métrage As it Used to Be (8mins). Courbes parle de surf et des landes. De l’arrivée de la pratique par un groupe de copains australiens. C’est foncièrement beau et puissant.


Un article du 10 novembre 2015 par Pauline Guillonneau.

Antoine Besse sait où il va quand il a un projet de film en tête. Clips vidéos pour La Fine Équipe, un court métrage Le skate moderne et désormais Courbes, son premier long sur le surf sorti à la rentrée… Antoine a sa patte bien à lui, avec ses docu modernes, à l’esthétisme recherché et aux images sublimées dans des décors usurpés à la France.

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« Là où le skate, c’est pour les parias »

Antoine Besse a grandi dans les Landes, au milieu de la culture surf. Puis il a déménagé « dans les terres ». Plus d’eau, plus de glisse. Jusqu’à ce qu’il découvre le skate avec ses copains de Dordogne. « Il y avait une énergie de ouf », se rappelle-t-il. Inspiré par les vidéos de Spike Jonz, Antoine commence à filmer leurs sessions de ride. « Les paysans se battaient pour skater, là où il y avait rien à faire. Là où le skate, c’était pour les parias. »

Né en Californie, le skate est un sport de béton ; de ville donc. « Mais quand t‘habites à la campagne aussi, tu cherches le bout de béton le plus proche et tu essayes d’en faire le tour avec ta planche », s’exclame le rider. Inspiré par La vie moderne de Raymond Depardon (2008), Antoine ressort ce projet d’enfance parlant de glisse et de campagnes françaises, façon Depardon. Un projet à 100 euros au total – principalement pour l’essence -, 10 jours de tournage, 6 minutes de film pour Le Skate Moderne. « Je savais exactement où j’allais », se rappelle-t-il.

Le jeune réal a voulu filmer une autre façon de faire du skate, celle des fils de paysans de Dordogne pour qui la glisse, c’est la vie, un échappatoire. Le skate moderne s’offre en guise de témoignage d’une passion, celle qui fait vivre tout un chacun. « On fait du skate et on vous emmerde », semblent crier les protagonistes du film en cœur. Il y a là un mélange de cultures, la vie de campagne de ces paysans influencés par les tendances de la ville. Le skate moderne est prenant, tant par son sujet que par son traitement esthétique : des images travaillées, des beaux décors français, des vêtements stylisés. Un docu qui emprunte les codes de la fiction, le tout dans une intemporalité la plus complète.

antoine-besse-le-skate-moderne-tafmag-the-arts-factory-magazine-3Une histoire de fou

Au moment de la sortie de ce premier court en 2014, Antoine s’apprête à partir une année pour surfer sur les meilleurs spots de la côté Pacifique, de la Californie au Chili. Sans se poser la question de vendre Le skate moderne ou de l’inscrire en compétition, le jeune réal met son court en ligne et part boire des coups. Deux heures plus tard, plus de  100 000 personnes l’ont visionné. « Une histoire de fou. » Les coups de fil tombent, les boites de prod appellent. L’enjeu est énorme, Antoine remet en question son voyage, puis décide de le maintenir. De Californie, les appels continuent ; un projet français lui est proposé. Antoine hésite à rentrer mais rejoint finalement un pote au Chili dans le village de Curanipe, pour réaliser le projet à deux. « C’était aberrant. Moi qui n’avait aucun expérience à part mon court sur le skate, je me suis retrouver à skyper avec tout BETC depuis un cabane pourrie de Curanipe ! »

Depuis, les projets s’enchaînent. Jusqu’au dernier, Courbes, son premier long-métrage sur la vie du surf, qui vient de sortir à la rentrée et qui fait partie de la sélection ciné du premier livre Tafmag, Banana Split. Un autre sport de glisse, une autre passion. « Le surf, c’est addictif ;  tu joues avec un élément qu’est la mer. Et il a aussi le côté, sans vouloir me la jouer hippie, où tu prêtes momentanément ta vie à Dame Nature. » La mer, le danger, l’attente. Antoine parle de surf un peu, des surfeurs, surtout. Pas ceux qui font de la compétition mais ceux qui partent des jours entiers dans des spots inconnus, à attendre la session de glisse parfaite.

Antoine Besse se voit comme un DJ cinématographique : « Je crée mes images mais j’ai besoin d’un sample. » Alors il puise dans les films qui l’ont marqués, La vie moderne pour son premier film, The Endless Summer (Bruce Brown, 1966) pour le second ; s’inspire de ses contemporains, Romain Gavras et Truman & Cooper. Antoine est en effet un compositeur ; il pose ses images sur les mesures d’une musique et du temps. Un côté planant toujours.

TAFMAG a choisi Le skate moderne pour sa projection « La Nomade ». C’est ce mercredi 11 novembre 2015 au Café de la Presse, dès 15h.

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