Anne Thomas^[FRA]

Anne Thomas c’est d’abord une histoire d’amour et de famille. C’est Anne, bien sûr, et Stéphane. Un couple, un duo et leurs deux enfants. Une boutique à Paris, et une à Lyon. Depuis dix ans, ils créent bijoux et chaussures. Peu importe la pièce, ce qu’ils recherchent c’est le chic, l’épuré, l’intemporel. Et la qualité extrême des meilleurs fournisseurs. Anne s’occupe des bijoux, Stéphane créé les chaussures. Ce dernier a tout simplement voulu imaginer « les chaussures qu’Anne aimerait porter ». Du plat, plutôt. Avec un objectif premier encore trop rarement mis en avant dans la mode : le confort. Parce que les femmes d’aujourd’hui ne sont plus celles d’il y a 20 ans. Elles sont entrepreneuses, mamans, engagées, féministes, écolos… Et qu’elles sont féminines en portant des mocassins ou des baskets. Les talons, eux, prennent de l’épaisseur, redescendent d’un étage, les bouts s’arrondissent. On oublie enfin, ça y est, l’injonction pesante et dépassée : « il faut souffrir pour être belle ». Interview family business.

« la femme de 2020 n’est pas celle des années 80 qui était prête à souffrir avec des talons très hauts et des bouts hyper pointus qui sont tous sauf recommandés. »

Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Rien de très glamour, sur un salon professionnel.

« This boots are made for walking »… Les chaussures Anne Thomas are made pour quoi et pour qui ? 

Quand on lance un produit, on s’imagine toujours une cliente type. Mais avec nos magasins nous nous sommes rendus compte que notre clientèle est vraiment très large et cela nous ravit. D’une manière générale, nous nous adressons à des femmes pour qui la qualité et le confort sont des prérequis. Parler confort dans un univers mode n’est pas chose courante mais la femme de 2020 n’est pas celle des années 80 qui était prête à souffrir avec des talons très hauts et des bouts hyper pointus. Qui sont tous sauf recommandés. Nous essayons de proposer des chaussures ultra-chics et pouvant être portées en toutes circonstances. Elles sont faites pour le quotidien.

Votre magasin parisien est situé dans le 3^ème arrondissement, c’est un choix stratégique ou un choix de cœur ?

Nous avions découvert ce local à l’occasion d’un premier pop-up que nous souhaitions lancer mais il n’était pas à notre portée financière à ce moment-là. Après cette expérience, le doux rêve d’avoir un magasin dans un espace comme celui-ci s’est installé. Lorsque nous nous sommes mis en quête d’ouvrir notre premier magasin, le bon coin nous l’a amené à nous très vite sur un plateau… Un signe évident. Nous n’avons pas beaucoup hésité car celui-ci dégage une atmosphère, une chaleur, une authenticité, un esprit qui incarne parfaitement notre marque et le message que nous souhaitons faire passer.

« nos marges sont bien moins importantes que celles pratiquées dans l’industrie en général. »

En quoi les paires de chaussures Anne Thomas sont-elles éthiques ?

Nous laisserons nos clientes dire si elles sont éthiques ou pas. Nous ne souhaitons pas le proclamer, car à notre sens, trop de choses annoncées sont sujettes à cautions. Nous faisons les choses bien, mais ceci n’a rien d’extraordinaire… C’est juste naturel ! Notre postulat était de faire des chaussures de très haute qualité, avec des cuirs provenant des meilleures tanneries et bien sûr, fabriquées en Europe car c’est le berceau du savoir-faire de la chaussure, tout en essayant de les proposer à un prix abordable. Nous y arrivons tout simplement car nos marges sont bien moins importantes que celles pratiquées dans l’industrie en général. Notre défi est d’atteindre un certain volume qui pourra nous permettre ainsi de compenser et de grandir. Le journaliste, Marc Beaugé, spécialiste de mode masculine entendu sur un podcast, disait en parlant de son expérience à la tête d’une marque de casquette haut de gamme : « En réalité, quand on lance une marque on a deux options, soit faire de la qualité et faire les choses biens, soit faire de l’argent ». Selon nous cette dualité reflète le choix que doit faire chaque entrepreneur dans la mode.  Pour notre part, nous avons choisi la première option.

L‘univers visuel d’Anne Thomas, comme celui des boutiques, est très minimaliste : comment est née cette esthétique très épurée ?

L’univers n’est que le prolongement de ce que nous sommes, de nos envies… C’est difficile à expliquer, mais chez nous, tout est fait maison, Madame ! Pour le magasin nous nous sommes fait accompagner pour la partie mise en œuvre mais nous l’avons dessiné et avons choisi les matériaux.  Pour ce qui est de l’univers visuel, Stéphane est passé derrière l’objectif depuis 2 ans et dirige la direction artistique.

Anne, quelle paire de la collection ne vous quitte jamais ?

Les Lénoard, des mocassins plats, en hommage à notre premier petit garçon. Elles étaient la première paire qui réunissait un bijou de la collection de la maman et une chaussure du Papa, c’est beau non ?

Quelle est votre vision de la parisienne en 2020 ?

Nous ne raisonnons pas en ces termes de Parisienne, même si nos clientes américaines, viennent peut-être chercher cela chez nous. Cette icône fait fantasmer toutes les femmes du monde mais nos inspirations, notre vision, est un peu plus internationale… Nous aimons l’idée d’une tenue assez sobre, parfaitement coupée et d’une paire de souliers avec une couleur singulière qui termine la silhouette.

« l’écosystème de la mode en France reste encore très parisien. »

Vous parlez d’une histoire de famille, vous rêvez déjà que vos enfants poursuivent VOTRE PROJET ?

Il nous reste déjà beaucoup de choses à accomplir avant de penser que nos enfants puissent prendre la relève, mais si la situation se présente nous n’oublierons pas de leur dire quels sont les efforts requis pour diriger une entreprise, aussi petite soit-elle.

Les plus grosses difficultés à surmonter quand on SE lance DE Manière indépendante ?

Le plus grand des challenges pour une marque indépendante est de grandir. Avoir la capacité de faire venir à nous des talents pour élargir notre audience et nous développer demande des ressources financières importantes que nous n’avons pas. Le fait que nous soyons basés à Lyon, ne nous aide pas vraiment car l’écosystème de la mode en France reste encore très parisien. Mais nous avançons à notre rythme et cela nous convient très bien !