Alexis Pazoumian[FRA]
- Photographie & Cinéma
Alexis Pazoumian, 25 ans, vient d’un milieu artistique. Son grand-père est peintre, son père est architecte et son frère est musicien dans un groupe électro-pop montant de la scène parisienne. Pour Alexis, la fibre artistique était réservée aux autres. Pourtant, à l’âge de 20 ans, lors d’un voyage, il découvre la photographie.
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31.01.2017
Faubourg Treme x New Orleans [1/2]
Interview
« En développant les photos prises avec l’argentique de mon père, j’ai trouvé les images superbes ».
« En développant à mon retour [de voyage] les photos prises avec l’argentique de mon père, j’ai trouvé les images superbes, explique Alexis. Je me suis pris au jeu et j’ai commencé à photographier des bâtiments désaffectés ».
En explorant ces endroits abandonnés – usines, tunnels de métro, squats- il se rend compte que la photo est un moyen formidable pour provoquer des rencontres inattendues et vivre des expériences originales. « Je me souviens d’une fois où je suis passé dans un camp de gitans sans trop savoir si j’allais ressortir avec ou sans mon appareil photo », se rappelle-t-il. Cette prise de risque semble l’attirer. A 23 ans, Alexis part s’installer six mois à Rio grâce à un échange universitaire. Cette immersion dans les favelas est pour lui un moment déclencheur. Il s’intéresse alors à une tout autre thématique : l’homme.
« Je préfère raconter le réel en allant dans l’intimité des êtres, chez eux. »
Alexis apprend le portugais et va à la rencontre de la population locale. Ces rencontres l’inspirent au point de monter un court documentaire qui tend à désacraliser toutes nos idées reçues – notamment celles véhiculées par le roman la Cite de Dieu de Paulo Lins – sur la vie des habitants des favelas. Pourtant, Alexis maintient qu’il ne cherche pas à dénoncer mais plutôt à raconter : « Mon but n’est pas de parler de la violence ou des trafiquants de drogue. Je ne suis pas Zone Interdite. Je préfère raconter le réel en allant dans l’intimité des êtres, chez eux. »
Son documentaire de 15 minutes et ses séries faites au Brésil, en Arménie et en Inde, sont une bonne illustration de la manière d’aller au-delà des clichés. Le monde des favelas se prête aux images sanglantes et spectaculaires. Les clichés d’Alexis racontent autrement. Ils sont simples et capturent des moments bruts de vie. Il n’y a qu’à regarder son travail en Arménie, son pays d’origine, où Alexis tire une série de portraits dans laquelle transparait l’émotion des rencontres.
un regard optimiste
En Inde, il s’intéresse aux Sâdhus du Nord et livre une série magnifique empreinte de bienveillance. Sur chacun de ses sujets, le photographe pose un regard délibérément optimiste. On l’a compris : sa meilleure source d’inspiration est la découverte de nouvelles cultures. « Cela me plait, que ce medium soit un prétexte fantastique pour vivre des expériences atypiques. »
Toutefois, Alexis ne fait pas que du photo-journalisme. Malgré le succès de son exposition à la galerie Plan B, rue de Seine, il comprend que sans contacts, il est difficile d’intégrer le milieu de la photo. Il prend donc l’initiative au salon international de mode grâce à une carte presse empruntée à une amie journaliste. Il y réalise sa première vidéo professionnelle qui le fait connaitre dans le monde très prisé de la mode.
Depuis, il est à toutes les Fashion Week ce qui ne lui déplaît pas. « D’abord, dit-il, j’attache beaucoup d’importance à la qualité esthétique lorsque je prends des photos ». Accepter des commandes lui permet de se concentrer sur cet aspect-là. « Ensuite, ajoute Alexis, je ne vais pas cacher que cela m’a surtout permis de rencontrer des producteurs. Aujourd’hui j’ai une dizaine de clients grâce au salon Who’s Next. »
Alexis est un autodidacte constamment à l »affût de nouveaux projets. « J’ai peur de l’ennui et de la vacuité », confie-t-il. Il semblerait qu’il ne se passe jamais deux jours identiques et que la liste de ses projets ne tarit pas.