Agav[FRA]

  • Musique

Interview

Le 23.04.2024 par Julie Le Minor

Dans le café d’Agav

Au Chateau d’eau, ondes tropicales & musique artisanale

Rue du Faubourg Saint-Denis, par une matinée froide et ensoleillée d’avril. Mathieu Revault, plus connu sous le pseudonyme d’Agav, nous a donné rendez-vous au Château d’Eau, le bistrot du coin de la rue éponyme où se mêlent habitués et locaux dans un joyeux brouhaha. L’artiste y vient entre deux répétitions au Studio Bleu situé à quelques rues. “J’ai tout de suite aimé l’ambiance, notamment le côté comptoir. Je viens de Ploufragan, un petit village de Bretagne, donc je me reconnais dans ce genre d’endroit.” Vous avez certainement déjà écouté l’un des morceaux de ce costarmoricain dont le premier EP s’est fait remarquer sur la scène pop francophone avec un morceau aux saveurs exotiques “Chaleur Épique sous les tropiques” sorti en 2017. En duo avec l’actrice Mathilde Ollivier, Agav chante l’amour au zénith et séduit des millions d’auditeurs.

La chance d’une vie

“La suite est affaire de rencontre et de hasard”, explique Mathieu. De talent, de singularité et de good vibes, ajouterons-nous. Actrice, Mathilde se rend aux États-Unis pour un tournage et parvient à placer la chanson dans une vidéo avec la mannequin Barbara Palvin. Le succès est immédiat. L’algorithme s’emballe. Les marques sont séduites et le morceau apparaît même dans un épisode d’Emily in Paris, glisse Mathieu dans un sourire. Résultat 8 millions de streams et bientôt un single d’or. “Chaleur Épique m’a permis d’être reconnu immédiatement sur la scène musicale. C’est formidable en tant qu’artiste de pouvoir vivre cela. C’est la chance de ma vie”, confie l’artiste.

Loin des majors, une musique indé dénuée d’égo

Si Mathieu est à Paris ce jour-là, c’est justement parce qu’il vient de sortir son nouvel EP. Solaire encore une fois, acidulé et bossa nova. “Je ne réfléchis pas trop à ce que je fais. C’est instinctif. J’étais un peu bloqué sur le succès de ‘Chaleur Épique’, je ne savais pas si je pouvais faire autre chose. Alors j’ai essayé de faire un petit pas de côté, j’ai imaginé des textes en français sur des morceaux bossa nova et cela a tout de suite été fluide.” De ce genre musical né à la fin des 50’s à Rio de Janeiro au Brésil, Agav retient le cool, le suave, le caliente. Avec sa voix douce et feutrée, il nous fait voyager sur les plages de Copacabana sans jamais perdre sa french touch assumée.

« Franchement, c’était long toutes ces années de galère »

Autodidacte, Mathieu est parvenu à se frayer un chemin singulier dans une industrie musicale en pleine mutation, manoeuvrant habilement entre carrière indé et succès mainstream. “Dès le départ, j’ai décidé d’avancer seul même si parfois j’aurais bien voulu être entouré. Franchement, c’était long toutes ces années de galère mais j’ai la chance de toujours m’amuser en créant.” Sa vocation musicale n’était pourtant pas toute tracée. Arrivé à Paris à l’âge de 20 ans, ses premières années dans la capitale le mènent d’abord au Cours Simon où il rencontre sa clique et sa copine de l’époque, Mathilde Ollivier. Il lui propose de l’accompagnr sur le refrain de “Chaleur Épique”, un morceau qu’il compose en “dix minutes”. Dès l’enregistrement, dans le petit studio breton d’un ami, la magie opère. Après ce premier succès, le jeune musicien s’installe à Montréal où il poursuit ses ballades romantiques et nostlagiques, comme un endless summer, et s’entoure notamment du producteur Stevenn Chouinard, membre du groupe québécois Le Couleur. “Le Canada, c’est génial pour la musique, il y a moins de majors là-bas, l’industrie est plus indé et puis il y a moins d’égo.”

Passé le besoin de lumière, l’envie de faire briller les autres

De l’art dramatique à la musique, Agav se crée un personnage qui lui ressemble. La télé, les promos, le star-system, très peu pour lui. Il avance selon ses propres règles en dehors des circuits plus traditionnels, à l’ombre des titans et majors de l’industrie. “J’ai compris très vite que la musique, c’est comme l’artisanat, plus tu pratiques, plus tu es bon”, explique-t’il ainsi. “Je me suis dit que, comme un ouvrier ou un artisan, si je faisais de la musique tous les jours, je deviendrai musicien. À force de pratiquer tous les jours, je suis devenu ce que je voulais être.” Depuis, le cool boy timide et un brin rebelle cultive son art loin des regards.

De retour aux sources, la Bretagne de son enfance, où il vit actuellement, Mathieu écrit et compose loin des rumeurs de la ville. “Là-bas, je retrouve ce sentiment d’indépendance et de liberté. Je suis hyper sensible, aux énergies notamment. Ma musique ressemble à ce que j’aime : le soleil, la nature, le chill, le surf. Si j’étais né à Paris, je ne serais certainement pas le même, je ne ferais pas la même musique.” “La longévité dans le secret, le succès dans l’intimité”, cela pourrait bien être le credo de ce drôle d’oiseau musical au regard rêveur et au sourire timide. Comme le chanteur Raphaël, dont il admire le parcours, Agav se voit grandir loin des projecteurs tout en avouant avoir longtemps cherché la lumière et la reconnaissance. “Avant, je cherchais à satisfaire mon égo. J’avais besoin d’exister aux yeux des gens à travers ma musique, d’être aimé. Aujourd’hui je cherche davantage à mettre en lumière une nouvelle génération de talents, produire des artistes. Plus ça va, plus j’ai envie d’aider les autres.”

Photos : Marie Lévi

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