Gustavo Amaral[BRA]
- Art & Peinture
Chronique
Gustavo Amaral, méditations métaphysiques
Pour ce dernier voyage sur papier glacé, l’artiste brésilien Gustavo Amaral nous parle de ses collages qui photographient l’inconscient depuis une plage déserte près de Sao Paulo. Let’s go.
C’est sur la plage isolée de Corumbau, près du sud de Bahia au Brésil, que Gustavo Amaral nous répond. Après avoir vécu à São Paulo pendant 11 ans, il y a sept mois, l’artiste brésilien a décidé de quitter cette ville qu’il affectionne tant mais où le quotidien est « intense, cher et un peu chaotique », confie-t-il. « La vie à São Paulo bouge vite. J’avais un studio d’art que je partageais avec 3 autres artistes et toute ma vie se passait là-bas. Je travaillais sur mes œuvres et je passais mon temps à aller à des expositions et à des concerts dans toute la ville. Sao Paulo a vraiment contribué à former l’artiste que je suis aujourd’hui et je m’y sens toujours très inspiré. Mais en prenant la décision de la quitter pour vivre sur une petite plage, je souhaitais changer de style de vie et avoir une nouvelle perspective des choses ».
« au fond de moi, je penserai toujours à une œuvre »
Rien ne destinait pourtant cet étudiant en journalisme à suivre cette voie de Robinson Crusoé arty des temps modernes. Après avoir obtenu son diplôme en 2007, Gustavo commence à filmer et à documenter de nombreux festivals d’art et des artistes. « Je fais du collage depuis que je suis enfant, mais je n’ai jamais pris cette pratique au sérieux jusqu’à ce que des amis artistes me disent qu’ils étaient vraiment bons et que je devrais les poursuivre », confie humblement Gustavo. Finalement, il ne s’est plus jamais arrêté et depuis, Gustavo crée des collages photographiques qui explorent l’humain sous toutes ses formes. « J’essaie d’imaginer des compositions, des mouvements et des formes aux contours délicats. Mon processus créatif ne s’arrête jamais. Je pourrais écouter de la musique ou regarder un film mais, au fond de moi, je penserai toujours à une œuvre : quelle sera la prochaine étape, la prochaine approche ».
Plus jeune, Gustavo commence à faire des collages avec les pages des magazines de mode dont ils s’inspirent pour créer son univers. Si ses références vont de Francis Bacon aux surréalistes, en passant par Marina Abramovic, Gustavo est également influencé par la musique, et notamment le jazz. Pourtant c’est dans les tréfonds de la psyché et du corps que Gustavo cherche la réponse à ses compositions graphiques, souvent colorées, parfois en noir et blanc. L’habitat, c’est peut-être la clef du travail du collagiste. « Dans mes œuvres, j’étudie les relations entre l’endroit où vit notre conscience et celui où vit notre corps. J’aime observer les lignes organiques de nos corps alors que la majeure partie du corps architectural de la ville se compose de lignes droites et dures. Je m’intéresse aussi à l’habitation, à la façon dont nous habitions nos sentiments et nous habitions, la même chose avec l’architecture ».
une manière détournée d’appréhender la réalité.
Finalement, au gré de ses collages, Gustavo part en quête de l’inconscient individuel et collectif. Il transpose sur papier « le chaos quotidien » de nos vies. De la ville à l’âme, de la plage au corps, l’artiste navigue en eaux troubles au gré de ses pérégrinations physiques et métaphysiques. « Je ne saurais pas comment décrire exactement l’esthétique de mon travail, mais un mot qui me vient à l’esprit lorsque je travaille est le mot poétique », confie-t-il. « Le papier est une partie essentielle de ma vie, non seulement à cause du travail de collage, mais parce que j’aime sa texture, son odeur et son toucher ». Aujourd’hui, Gustavo poursuit donc sa passion pour l’art et les collages comme une catharsis. À travers ses œuvres, c’est une vision qui se dévoile, une manière détournée d’appréhender la réalité. Un bout à bout de corps, d’imaginaires et de désirs. Un collage de notre psyché.