Les Femmes [1/8] • TRIBUNE TAFMAG[FRA]
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Chronique
C’est la journée des femmes sur Tafmag
Il y a la femme Saint Laurent, la femme Chanel, la femme Jacquemus. La femme-enfant, la femme à tout faire, la femme moderne, la femme à hommes. Il y a Jo March, Sula, Jane Eyre, Defred et Arya Stark. Il y a La femme de mon frère, La femme d’à côté, La femme rompue. Des Lolita, des Antigone, des Emma Bovary, des Bridget Jones. Il y a des avant, des après, des destins : Virginia Woolf, Georges Sand, Marie Curie, Simone de Beauvoir, Marguerite Yourcenar, Britney Spears, Beyoncé, Phoebe Waller Bridge, Alexandra Ocasio Cortez, Amanda Goodman, Assa Traoré…
Célébrer les femmes et leurs combats
Nous sommes le 8 mars. Une journée de mise en lumière, de cas de conscience général pour faire le bilan de l’égalité des genres. Une journée militante pour rendre hommage aux combats passés, analyser l’esprit du temps et construire l’avenir. « Penser équitablement, bâtir intelligemment, innover pour le changement », pour reprendre les termes de l’agence des Nations Unies. Chaque année, depuis près d’un siècle, on consacre une journée de l’année à la lutte pour les droits des femmes. Une journée, c’est peu. Mais c’est aussi l’occasion de donner le ton, d’élever la voix et de se rassembler pour faire le bilan de nos droits fondamentaux ainsi que des progrès et régressions sur la question de l’égalité des genres. L’occasion de rappeler que celle-çi n’est pas encore acquise, qu’elle est un combat quotidien que les femmes continuent de mener chaque jour. Le 8 mars, et tous les autres. Cette journée est donc l’occasion de rendre visible et de rendre audible la parole d’une myriade de sensibilités, de corps et d’existences. Une myriade de parcours, d’histoires et de récits. Ceux que l’on raconte sur Tafmag, par la voix d’artistes femmes. Vous le savez sûrement, notre rédaction est constituée de femmes, le sujet nous touche particulièrement. Plus que de rendre hommage à une entité froide, une et indivisible, que serait la femme, cette journée et toutes les autres sur Tafmag sont l’occasion de célébrer les femmes dans leur singularité, dans ce que chacune représente de différent, d’unique et d’extraordinaire. Le 8 mars est une journée de sens. Une date d’espoir.
Alors que le monde vient d’être mis K.O par une pandémie que même Margaret Atwood n’aurait pu prédire, les femmes ont été en première ligne durant la crise sanitaire qui n’a fait qu’accroître les injustices déjà subies. Sexisme, inégalités salariales, harcèlement, violences sexuelles, violences conjugales, charge mentale, travail domestique invisible… La dureté du confinement et la surreprésentation des femmes dans les métiers jugés « essentiels » les ont surexposées aux risques. Afin de dénoncer ces injustices, 37 associations féministes appellent à une grève ce lundi 8 mars en invoquant aux femmes de cesser le travail à 15h40, soit l’heure où celles-ci ne sont plus payées si on regarde l’écart moyen de salaire avec les hommes évalué à 25%. « Nous serons en grève avec les femmes du monde entier pour refuser toutes et tous ensemble de payer le prix de la crise avec notre travail, notre salaire, notre corps ».
Une vague libératrice
Mais si le constat de cette crise reste amer pour les femmes, depuis quelques années, un véritable vent d’espoir souffle sur le monde. En 2018, l’affaire Weinstein crée la déflagration « Me Too ». Pour la première fois de l’histoire, l’omerta se brise et la parole se libère dans « la machine à rêve » hollywoodienne. Au banc des accusés : réalisateurs, producteurs, acteurs… Au banc des coupables : le patriarcat. Une série de révélations plus tard, l’actrice Alyssa Milano décide de lancer une campagne de témoignages sur les réseaux sociaux avec ces simples mots devenus en quelques semaines viraux : me too. La vague est lancée. Elle ne s’arrêtera plus. En trois ans, le mouvement « Me Too » a réveillé le monde d’une longue gueule de bois en libérant chaque jour de nouvelles paroles, en délivrant des femmes du poids qu’elle portait tout ce temps où l’on détournait les regards, où l’on baissait les yeux. Ce temps où tout était normal. Partout dans le monde, les femmes se sont senties écoutées, regardées : légitimes. Il y a donc eu un avant et un après « Me too ». La vague déferle encore.
Comme les mouvements féministes du début du XXe siècle, des voix s’élèvent, les rangs se resserrent et de nouvelles solidarités se créent loin des regards masculins et de l’injonction sociale. Le temps est à la solidarité. À la sororité. Les nouvelles générations sont bien décidées à se faire entendre et à investir l’espace public en prenant la place qu’elles méritent. Les initiatives se multiplient. Les gangs et les crews, aussi, ceux dont on vous parlait dans notre dossier dédié au sujet. Si le plafond de verre n’a pas encore été brisé, on parle désormais plus librement de corps, de sexualité et d’intimité. On parle de vulve, de clitoris, de sexe, là aussi, dans notre dossier dédié au sujet ! De sexe de femmes. On casse les codes. On simule moins, on jouit plus, on se découvre. On reste ébahie d’avoir si longtemps méconnu son propre corps. On revendique une sexualité aussi libre que celles des hommes. On redéfinit les genres et les frontières en les supprimant. On refuse la norme. On invoque la non-norme. Dans les médias comme dans l’art, on tend vers une nouvelle inclusivité, on recherche la diversité.
L’union fait la force, les femmes l’ont bien compris. Elles sont plus voyantes, plus fortes, plus écoutées aussi. De Cardi B à Billie Elish, elles créent leurs propres règles, leurs propres looks, leurs propres personnalités. Peu à peu, les voix féminines se multiplient. La parole s’amplifie. Le champ des possibles s’élargit et on se déleste des normes pesantes. On assume, on revendique, on s’affirme. C’est le chemin que l’on voit se dessiner par les femmes que l’on rencontre, que l’on interroge sur Tafmag. Certaines sont bien décidées à tout casser. D’autres, non. Mais toutes portent le même message. Le même symbole d’espoir et de lutte pour la reconnaissance. La femme-enfant, femme-objet, « femme-de » laisse progressivement place à une femme plus libre, bien dans ses baskets, maintenant qu’elle peut délaisser ses stilettos. Partout, de nouvelles femmes inspirantes s’imposent dans l’espace public. D’Alexandra Occasio Cortez à Amanda Goodman, d’Aissa Maiga à Adèle Haenel, de Camille Kouchner à Lauren Bastide. Chez Tafmag, elles s’appellent Fishbach, Barbara Butch, Janie, Clara Luciani, Johanna Olk, Inès Longevial, Tiffany Bouelle et tant d’autres. On vous en parle au quasi-quotidien. Et nous, on s’appelle Julie, Léa, Marie et Pauline.
©Flora Maclean pour Arkas
[2/8] – Kate Bellm
[3/8] – Alice Wietzel
[4/8] – Fishbach
[5/8] – Sabrina Chess
[6/8] – Barbara Butch
[7/8] – Flora MacLean
[8/8] – Salut beauté