Yaël Hupert[BEL]
- Art & Peinture
Chronique
Yaël Hupert, portraits de femmes imaginaires
Yaël Hupert est une jeune peintre belge installée à Anvers. Ses peintures représentent des femmes dans des portraits sombres, fruits complets de son imagination : dont l’aura rappelle en un regard les si célèbres portraits de Rembrandt ou de Vermeer. Passionnée de design, Yaël a commencé à peindre pour décorer son intérieur : ne pouvant pas se payer de grands tableaux, elle s’est tout simplement mise à en réaliser. Après tout, on n’est jamais mieux servi que par soi-même.
Le pORTRAIT, L’aRT DU VRAI ?
Bien avant la photographie, c’est la peinture qui est célèbre pour sa fidélité de représentation. Le portrait a toujours été un genre intimement lié à l’art pictural et au vrai. Il est apparu dès l’époque Antique où il servait alors pour l’art funéraire et spirituel. C’est à l’époque de la Renaissance qu’il est devenu véritablement un genre à part entière. Qui n’a jamais contemplé le célébrissime portrait de Mona Lisa au Louvre ? Impossible de ne pas évoquer aussi l’École hollandaise, cette école qui s’est développée aux Pays-Bas, de la Renaissance jusqu’au Baroque et dont Rembrandt et Vermeer sont les plus célèbres représentants (hint : la bien-nommée « Jeune Fille à la perle »). Traditionnellement, le portrait est censé représenter trait pour trait une personne réelle, quelqu’un qui a posé pour le tableau après en avoir fait commande et que l’on peint entouré de ses objets du quotidien. Mais l’originalité du travail de Yaël et de son trait de génie réside justement dans le fait que ses portraits de femmes sont entièrement fictifs : les jeunes femmes sont inventées de toutes pièces, les caractère et personnalités qui se dégagent férocement sont tous créés from scratch. Yäel invente à ses femmes une vie avec un prénom, une identité, un style vestimentaire propre et des accessoires fétiches…
La JEUNE FILLE AU PERROQUET
Avant la peinture, Yaël travaillait dans l’industrie de la mode (d’où les tenues impeccables et incroyablement stylées de ses faux-modèles), en tant que maquilleuse. Elle a donc vu défiler de nombreuses femmes et a retenu de cette période chaque tenue, chaque expression, chaque émotion… Ses portraits sont troublants par leur précision. On est loin, très loin, de l’art abstrait d’Ana Leovy ou de Buckley. Les traits sont précis, affûtés, Yaël peint jusqu’aux petites mèches de cheveux qui s’échappent de la coiffure, jusqu’au reflet brillant du blush sur les pommettes. Rien ne lui échappe, chaque trait est contrôlé, aucune couleur ne déborde comme dans un maquillage parfaitement exécuté…
Les femmes de Yaël ont toutes un point commun : leur regard déterminé et combatif. On comprend facilement que l’artiste admire Frida Kahlo, on retrouve dans les cheveux de jais, dans un perroquet niché sur une épaule ou dans les motifs de crânes, tout l’imaginaire de la peintre mexicaine et de son pays où la vie et la mort ne font qu’un. Yaël n’est pas portraitiste de femmes célèbres comme ont pu l’être les peintres de cour – Vélasquez par exemple – mais se distingue par son incroyable capacité à inventer, à créer des femmes plus vraies que nature. Que l’on ait la peau blanche ou chocolat, les lèvres fines ou pulpeuses que l’on préfère la frange au chignon, Yaël dresse un panel de portraits de femmes modernes, pour mieux illustrer leur diversité.